Le gavroche frondeur des Moldy Peaches a grandi. Il s'est mué, au fil des années, en un songwriter hésitant entre folk épuré lorgnant sournoisement du côté d'un Leonard Cohen ("Boss Inside", superbe de dépouillement) ou d'un Syd Barrett (l'excellent "Don't Call Me Uncle"), pop décadente façon Lou Reed en pleine époque Velvet ("Buddy Bradley", "What Makes Him Act So Bad", ritournelle sixties aussi légère qu'une bulle, ou le lascif "Castles and Tassles") et des envies de crooner las ("Breaking Locks", "Bathing Birds", "Cigarette Burns Forever", toutes excellentes) à la voix grave comme jamais.

Minor Love est le sixième album solo d'Adam Green. Moins arrogant que de coutume, l'américain livre un album quasi introspectif, de coloration mélancolique et aux sonorités plutôt sixties. Loin des arrangements parfois luxuriants de ses précédents essais, Adam Green a offert un écrin de simplicité aux quatorze plages de Minor Love, donnant même l'impression d'un complet dépouillement sur certains morceaux. Ce changement trouve sa source dans la vie privée de l'intéressé. Récemment divorcé, Adam Green dit avoir touché le fond en 2009 et, plus que jamais, avoir souhaité être seul. Il a ainsi enregistré Minor Love en quasi autarcie, jouant lui-même la plupart des instrument. Le résultat est là, un album compact (une trentaine de minutes pour quatorze titres), tendre et beau. En pleine déprime ou pas, le new-yorkais sait toujours nous charmer et ce dénuement inattendu est une excellente surprise... Une mention spéciale à "Boss Inside", d'une beauté simplement renversante...

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