En tournée promo pour son sixième album, l'excellent Controlling Crowds sorti en Mars dernier, Archive s'arrête à Paris pour une soirée au Zénith. Le groupe Anglais a toujours apprécié la France et particulièrement cette salle parisienne. C'est en effet le Zénith qu'Archive avait choisi pour son dernier enregistrement live, sorti en 2007 et sobrement intitulé Live At The Zenith. Le public français le lui rend bien, ayant toujours soutenu le groupe même dans les années un peu difficiles. Aujourd'hui, avec cet album renouant avec les meilleures productions du groupe, Archive revient en pleine forme. La première partie est assurée par le trio BirdPen.

Composé de Dave Pen, Mike Bird et James Livingstone Seagull, Birdpen (Bird pour Mike Bird et Pen de Dave Pen) est le projet de Dave Pen, l'un des chanteurs d’Archive. Les Anglais ont sorti un premier album en Mars de cette année. On/Off/Safety/Danger, salué par la critique, fait la part belle aux atmosphères planantes, aux textures indus, aux ambiances torturées et aux envolées prog.

Si Dave Pen revendique l'indépendance de son groupe par rapport à Archive, on doit admettre qu'il y a quelques points communs entre les deux formations, tant du point de vue de la structure des morceaux que des thèmes abordés. On pense par exemple à "Thorn", un très long morceau qui commence comme une belle ballade calme avant d'exploser en un post rock sauvage, porté par une rythmique énorme. Pen hurle, la batterie claque et pour finir, une plage instrumentale ferme le morceau. On pourait citer également "Only The Names Change", final de la prestation de Birdpen et basé sur la même montée en puissance. Quant aux préoccupations de Dave Pen, il n'y a qu'à écouter les paroles de "Off", excellent single de l'album, ou de "Machines Live Like Ordinary People" pour comprendre qu'il a les mêmes angoisses que Darius Keeler et Danny Griffiths...

A 20h55, la fosse en ébullition commence à donner de la voix. Quelques minutes plus tard, une ovation salue le blackout. Des nappes de synthé envahissent l'espace et les musiciens prennent place un à un. On reconnait l'intro de "Controlling Crowds", titre qui ouvre le dernier album d'Archive.

Pour situer un peu les choses, précisons que Controlling Crowds est un disque concept. Le fil conducteur est la domination et le contrôle de l'autre. Au départ, Darius Keeler et Danny Griffiths ont prévu une progression en quatre actes. Controlling Crowds en comprend trois. Le quatrième volet sort dans quelques jours sous la forme d'un album séparé, intitulé Controlling Crowds – Part IV. Les morceaux de cet "opéra rock" se suivent donc dans un ordre précis pour former un tout cohérent. Ceci étant posé, il ne restait pas 36 solutions pour jouer Controlling Crowds en live et respecter l'édifice. La setlist suit donc l'album jusqu'à "Kings of Speed" avant de s'offrir une petite entorse, le temps de deux morceaux, du côté de Controlling Crowds – Part IV, pour terminer sur "Funeral". Le rappel sera l'occasion de faire les singles que tout le monde attend, "Londinium", "Numb", "System" ou "Again".

Ils sont presque tous là. Darius Keeler et Danny Griffiths, figures tutélaires d'Archive, avec leurs claviers de part et d'autre de la scène, encadrent le reste du groupe. Pollard Berrier et Dave Pen se partageront voix et guitares tandis que Rosko John viendra poser son flow hip-hop l'espace de quelques titres. Steve Harris est à la guitare, Lee Pomeroy à la basse et Steve Barnard à la batterie. Ne manque que Maria Q en tournée avec un autre groupe. Le superbe "Collapse/Collide" qu'elle chante sur l'album sera quand même interprété grâce à un petit subterfuge. Le groupe joue le morceau tandis que la voix de Maria Q, enregistrée, semble sortir de son visage projeté sur l'écran géant en fond de scène.

Les temps forts de cette soirée ? Un "Controlling Crowds", magistral... Chanté par Pollard Berrier tandis que défilent des images saisissantes. Des milliers d'hommes, tous en blanc, vêtus à l'identique, le visage caché derrière un masque aux yeux vides, avancent, foule aveugle, robotisée et manipulée... Impressionant ! "Words on Signs", génial et très Floydien, chanté par Dave Pen et enchaîné après un "Bullets" aussi névrosé que sur disque et dopé par une rythmique rock violente et des projections schizophrènes. On attendra Controlling Crowds – Part IV pour juger "Lines" qui semble pas mal avec ce jeu sur les voix entre Pollard Berrier et Rosko John. Mais, ce soir, les basses sont vraiment trop fortes pour profiter du morceau...

"Again" achève ces deux heures de concert de fort belle manière. Démarré très doucement, véritable moment de calme après la tempête sonique de "System", il monte en puissance, évoluant vers un post rock névrosé, avant de redescendre en douceur pour remonter une fois encore. Le final est énorme. Dave Pen hurle, se contorsionne et se colle le micro sur le coeur. Les machines vrombissent et rugissent avant de mourir dans un simple bourdonnement. On croit que le morceau se termine mais Archive, dans un dernier sursaut, relance encore pour quelques minutes supplémentaires... Pour finir, toute l'équipe saluera sous une ovation de folie. Avant de quitter la scène, Rosko John en profite pour prendre une petite photo souvenir de ce public parisien fétiche pour le groupe. Les lumières se rallument et le Zénith commence lentement à déverser sa foule...

SLB

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