On avait laissé Babx au théâtre des Bouffes du Nord,
serrant contre lui sa lady L... C'était en Mai 2007, au soir de l'un des derniers concerts
de la tournée accompagnant la sortie de son tout premier album, l'éponyme Babx, un disque qui nous avait révélé
un jeune homme de grand talent. Depuis, nous attendions patiemment son deuxième essai... Le voici, le voilà, il
s'appelle Cristal Ballroom et confirme tout le bien que nous pensions de Babx !
Au cours des onze chansons qui composent ce Cristal Ballroom, Babx déploie
son univers, tricote des textes d’orfèvre et tisse des textures sonores qui n'appartiennent qu'à lui, brisant
net toute tentative de comparaison avec ses collègues de la chanson française d'aujourd'hui. Bien sûr au détour
d'un morceau ou d'un autre, on pense parfois aux modèles, Léo Ferré pour le côté social des textes, ce constat
sans concession sur notre société, Barbara pour la dimension poétique, Tom Waits pour ces rythmiques volontiers
tristes et déglinguées. Pour l'anecdote, l'album a d'ailleurs été mixé par Oz Fritz, l'ingénieur du son de Tom Waits.
L'hommage à Alain Bashung saute aux oreilles à la faveur d'une ligne de guitare ("Lady L.") ou d'un texte en écho au
"Madame Rêve" de Bashung ("L Rêve d'Il") et que Babx scande de la même façon si particulière. Ailleurs, l'admiration
pour Brigitte Fontaine se lit dans des textes névrosés ("Mourir au Japon", "08h04") que la dame ne renierait sûrement
pas.
Il n'y a pas à dire, Babx est décidément un grand ! Ses textes exigeants et sophistiqués
transpirent la beauté comme bien peu d'auteurs en seront jamais capables et beaucoup se damneraient pour un
"Lady L.", un "Remington Requiem" ou un "Cristal Ballroom". Et si ce talent cachait une pauvreté musicale, d'aucuns
pourraient se consoler quelque peu mais pas du tout ! Là encore Babx impressionne à coups de musiques élégantes et
recherchées, d'arrangements complexes et souvent très originaux... Vraiment, chapeau bas !
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