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Babx et Cherif Soumano au théâtre des Bouffes du Nord
10/05/2007 - Photos : Pascal Codron |
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Cela faisait des années que je n'avais mis les pieds dans ce théâtre des Bouffes du Nord,
situé Boulevard de la Chapelle. C'est donc avec grand plaisir que j'appris la venue de Babx dans cette salle trop peu souvent
utilisée pour des concerts alors qu'elle bénéficie réellement d'une excellente acoustique et, ce qui ne gâte rien, d'un décors
superbe !
Pour ouvrir la soirée, Babx a convié le malien Chérif Soumano, déjà aperçu chez Dee Dee Bridgewater lors de son récent spectacle au Bataclan. Ce dernier, armé de sa seule kora (instrument des griots mandingues pouvant posséder de 21 à 28 cordes), nous offrira une première partie exclusivement instrumentale. Pendant 30 minutes, le jeune homme va nous charmer de ses mélopées. Ambiance intimiste, un seul projecteur éclaire le musicien assis sur un simple tabouret, là, tout près, quasiment à mes pieds. Sa musique est une véritable invitation au voyage ou à la rêverie. Tantôt doucement nostalgique ou mélancolique parce qu'on croit entendre la pluie tomber sur les feuilles d'un arbre et ruisseler, tantôt joyeuse et insouciante comme de jeunes enfants qui s'amusent. Chérif Soumano, qui accorde fréquemment son instrument ou joue sur les clefs pour changer la tension d'une corde en cours de morceau, sera copieusement applaudi à sa sortie de scène ! Pas de temps mort, les lumières, que l'on venait à peine de rallumer, s'éteignent à nouveau ... Quelques ampoules, enveloppées d'un voile léger pour en tamiser l'éclairage, suspendues dans les cintres, s'allument ça et là, telles des lanternes, et dévoilent le décors planté pour nous ce soir. Tout cela a un côté un peu féérique, ces ampoules telles des lucioles, ce coeur géant fait de pétales au centre duquel trône le piano, le tout dans le décors fantastique qu'offre le théâtre des Bouffes du Nord ... C'est magique ! Dans la pénombre, Babx et ses musiciens se mettent en place et ça démarre très fort et très rock avec "Police" .... |
Babx, il y a moins de 6 mois, était pour moi un parfait inconnu. Lors de son passage à
l'EMB (Sannois) en décembre dernier, un ami m'avait trainée de force (j'exagère à peine) à son concert. Pour avoir une idée
du style, j'avais écouté, vite fait et dans de mauvaises conditions, un titre sur sa page MySpace. Il s'agissait de
"Coeur Larsen" et, sur le moment, ça ne m'avait guère emballée. Je trainais donc un peu les pieds, ce samedi soir, en me rendant
à l'EMB ... Quelques deux heures plus tard, j'en ressortais totalement conquise, une véritable révélation, un immense plaisir ...
Pour rien au monde, je n'aurais donc manqué, ce soir, cette dernière date parisienne du jeune homme. Surtout qu'aujourd'hui, non
seulement Babx va interpréter de nouveaux titres - qu'il devrait prochainement enregistrer pour son second album - mais, en plus, il a
des invités et non des moindres comme nous n'allons pas tarder à le découvrir ...
Outre le fidèle et excellent Sébastien Gastine, impérial derrière sa contrebasse, et Antoine Montgaudon dont j'avais trouvé le jeu de guitare assez génial à Sannois, Babx est épaulé ce soir par un second guitariste, Grégory Dargent, qui saura se faire remarquer autant par son jeu (il tire parfois des sons surprenants et extraordinaires de sa guitare) que par sa façon originale d'accorder sa six cordes ... à la pince multiprise !! Tantôt seul au piano, avec ses musiciens ou encore, accompagné d'un quatuor (violon, alto, clarinette, violon), Babx sait à merveille varier les ambiances, jouer de sa voix ou tirer parti de l'excellente acoustique de ce théâtre des Bouffes du Nord. On passe allègrement d'un registre digne du meilleur de la chanson française, on pense à Barbara, Léo Ferré, Brel ("Sous le piano de ma mère", "Femmes du monde", "Tes lèvres", "Un p'tit coup", "Quand tu m'embrasses") à une urgence bien rendue par le débit adopté. Souvent, les mots jaillissent en staccato et claquent ("Police", "Kamikaze, "Crack Maniac", "J'veux mourir au Japon", "Remington Requiem"). |
Outre les titres déjà cités, nous aurons droit au 'tube' "Silicone Baby", au
subversif "Secret Professionnel", aux volontairement polémiques "Bains de Minuit" et "Lettera", aux tout nouveaux "L rêve d'il" et "L'orage"
mais aussi à "Lady L", titre que j'avais entendu à
l'EMB et qui m'avait subjuguée. Cette chanson, où Babx chante d'une voix un peu éraillée (à la Tom Waits quand il était jeune) ou peut-être
enrouée par l'émotion, ses mots écorchés, est une beauté pure, une déclaration d'amour sublime. Le morceau est superbement dépouillé : une
guitare électrique qui pleure (Grégory Dargent fait des merveilles), une rythmique discrète portée par quelques notes de contrebasse et des
percussions légères ... Doit-on voir dans ce titre un hommage au roman de Romain Gary, que Babx apprécie, ou à la femme qu'il aime ? Un peu
des deux sûrement ... En tous cas - et c'est peut-être un indice - ce morceau annonce fort à propos la venue du premier invité ...
L, la
chanteuse préférée du jeune homme, qui va interpréter deux de ses propres titres, "Ma petite, ma douceur" et "Château Rouge",
luxueusement accompagnée au piano par Babx.
Autre invité de marque : Arthur H ! Il va nous offrir, en duo avec Babx, une version délirante de "The Lady of Shangaï" (Arthur H - Adieu Tristesse - 2005) et un "Remington Requiem" haletant. La complicité de ces deux-là sur scène est une belle surprise et un vrai moment de bonheur. Autre surprise, l'interprétation par Babx d'un titre de Brigitte Fontaine, Rififi (Brigitte Fontaine - Kékéland - 2001). Pour l'occasion, Babx s'accompagne à l'harmonium portatif (instrument de prédilection de Nusrat Fateh Ali Khan, musicien pakistanais dont Babx revendique l'influence). Pour le rappel, nous aurons droit à une autre reprise, le très beau "Septembre" de Barbara. Ovationné à juste titre par le public, Babx nous aura encore fasciné ce soir ... Quel talent et quelle classe ! Du fond du coeur, merci ! SLB www.myspace.com/babx |
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