Avec la sortie en janvier de Samedi Soir à Beyrouth, son seizième album studio, Bernard Lavilliers a entamé une tournée marathon dans toute la France avec pas moins d'une cinquantaine de dates jusqu'en juin et un passage au festival Chorus des Hauts de Seine le 10 avril. Ce soir, c'est au Zénith de Paris et pour trois jours que l'éternel voyageur pose ses valises. Pour assurer sa première partie, Bernard Lavilliers a invité Balbino Medellin. Le jeune homme avait déjà accompagné Bernard Lavilliers sur sa précédente tournée et il vient de sortir son second album.

A 20h30 précises, Balbino Medellin entre en scène, guitare acoustique en mains. Il est accompagné de René Michel à l'accordéon, René Michel qui a également participé à la production du tout nouvel album de Balbino Medellin, Le Soleil et l'Ouvrier (Barclay, 2008), dans les bacs depuis quelques jours. C'est Bernard Lavilliers en personne - en tout cas sa voix - qui présente le jeune homme au public du Zénith. Pas mal comme carte de visite ! D'ailleurs, Lavilliers est plutôt laudatif quand il s'agit de parler de Balbino Medellin. De lui, Lavilliers nous dit que "sa voix sort tout droit d’un film de Prévert ou d’un album de Doisneau", un bien bel hommage...

Cette première partie très courte va nous permettre d'apprécier quelques titres du dernier album. Balbino Medellin attaque avec "Bus 137", belle chanson pleine de poésie qui met le public dans sa poche. Dès le morceau suivant, "Le Vent Nous Rattrape", le premier single, la salle tape dans ses mains et l'ambiance monte... Elle ne retombera pas ! L'émouvant "Le Soleil et l'Ouvrier" que Balbino dédie à son grand père, reçoit une ovation méritée, un "Gitan de Paname", tiré du premier album et très enlevé, nous entraine dans un rapide tourbillon tandis que la chaleur de l'excellent "Perpignan" gagne un Zénith totalement conquis !

21h15, alors que le public commence tout juste à donner de la voix, black out sur le Zénith... Quelques notes de oud arabisantes ou andalouses se font entendre puis une contrebasse arrive en renfort. Le voile blanc qui nous cache la scène reste fermé. Les lumières s'allument et laissent entrevoir des silhouettes. Ainsi démarre le concert sur un "Samedi Soir à Beyrouth" qui sera chanté rideau fermé. On devine Bernard Lavilliers là, derrière... Sur la fin du morceau, tout de noir vêtu, pantalon de cuir et chemise, la démarche féline, il parait enfin dans une clameur incroyable. Derrière lui, le rideau disparait et l'ensemble de la scène nous est dévoilé.

On retrouve avec grand plaisir un Bernard Lavilliers au charisme extraordinaire, plus charmeur que jamais et toujours à l'aise sur scène. La première partie du concert est essentiellement tournée vers le nouvel album, l'excellent Samedi Soir à Beyrouth, avec des titres forts et entrainants comme "Solitaire" ou des morceaux à haute teneur politique comme "Ordre Nouveau", "Bosse" ou "Killer". Sur le génial "Ma Belle", ballade soul tout en douceur, Lavilliers sait se faire sensuel et tendre. Après un "Killer" joué très rock, l'ensemble des musiciens se retire et c'est en solo et à l'acoustique que Bernard Lavilliers va

jouer les deux ou trois morceaux qui suivent. A partir de là, titres anciens et chansons plus récentes vont se succéder.

"Fortaleza" fait retentir le Zénith d'une ovation remarquable dès les premières notes de guitare, "Petit" joué avec une section cordes et un contrebassiste magistral provoque l'émotion et des frissons parcourent la salle, sur "Question de Peau", "On The Road Again" ou "La Salsa", tout le monde chante. C'est d'ailleurs à l'occasion de ce morceau que Bernard Lavilliers descend de scène pour aller faire un tour dans la salle, accompagné de quelques uns de ses musiciens. Le public, qui n'en croit pas ses yeux, est totalement ravi de l'initiative. "La Salsa" marque la fin du concert et c'est sur une ovation dans laquellle le Zénith met tout son coeur que l'ensemble des musiciens vient saluer.

Deux rappels s'en suivent qui prolongent encore notre plaisir. On peut noter une version endiablée du "Bal" avec un final où tous les musiciens sont aux percus, de la grosse caisse au tambour en passant par des bidons ou des djembés. Enfin, Bernard Lavilliers revient seul pour une ultime chanson mais quelle chanson ! Les notes de "Betty" résonnent encore dans les têtes tandis que la foule quitte lentement la salle ...

SLB

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