Charlotte Gainsbourg revient sur le devant de la scène musicale avec IRM, son deuxième album. A l'écoute du disque, ce qui frappe d'entrée de jeu, c'est le rythme imposé par des percus mixées très en avant. Et pas n'importe quelles percussions... L'originalité vient du fait que ce sont des percussions africaines imprimant un rythme tribal à ce très chouette "Master's Hands" d'ouverture. Pas le genre attendu... On est cueilli à froid, un peu surpris d'abord mais charmé également. Plus tard viennent se mêler des sonorités indus et tout cela se marie fort bien. Le ton est donné ! Ce sera d'ailleurs la couleur dominante de cet album solaire : le mariage entre beats world et sons electro. Là où 5.55, premier album solo de Charlotte, se plaçait dans l'ombre de Gainsbourg, IRM, totalement décomplexé, s'en écarte pour voler de ses propres ailes. Le résultat est impeccable, un sans-faute orchestré par l'américain Beck qui a fourni là un travail extraordinaire et nous révèle une Charlotte Gainsbourg en chanteuse plus que crédible.

On enchaîne sur "IRM", névrotique en diable, porté par une rythmique indus glaciale, sensée reproduire les bruits et martèlements que Charlotte entendait à l'intérieur de la machine où elle a dû subir nombre d'IRM à la suite d'un accident. L'effet est saisissant et ce morceau constitue l'un des sommets de l'album. Parmi les autres belles réussites d'IRM, on peut citer les perles que sont "Le Chat du Café des Artistes", "Heaven Can Wait", "Me and Jane Doe" ou encore "Trick Pony". Les plus originaux restent sans doute "Le Chat du Café des Artistes" et "Me and Jane Doe". Dans "Le Chat du Café des Artistes", sur une rythmique sombre, presque cold wave, les paroles délétères du Québécois Jean-Pierre Ferland deviennent, dans la bouche de Charlotte, une comptine décalée et entraînante. "Me and Jane Doe", quant à lui, avec cette psalmodie lancinante sur une rythmique assez minimaliste nappée de choeurs, nous ramène à l'univers Velvetien cher à Beck. Charlotte Gainsbourg s'y montre sous un jour nouveau. Fini ce filet de voix qui lui collait à la peau et lui valait des comparaisons avec sa mère, la voix est ferme, naturelle, spontanée. On apprécie sans réserve cette évolution. Même constat sur le très psychédélique "Trick Pony" mêlant rythmes tribaux, belles guitares et réverb. Charlotte y semble vraiment à l'aise.

C'est peut-être ça la grande nouveauté... En plus d'une alchimie Beck/Gainsbourg qui a fontionné à merveille, on y découvre une Charlotte Gainsbourg chanteuse épanouie. Laissons le mot de la fin à Beck car il résume parfaitement notre sentiment, "musicalement, elle s'est trouvée". La suite risque d'être passionnante...