L'EMB frappe très fort ce soir en accueillant la toute première date de la tournée Cocoon. Résultat : carton plein ! La salle de Sannois affiche complet depuis plusieurs semaines... Il faut dire que cette soirée est l'ocasion, pour les fans de la région parisienne, d'entendre les versions live des nouvelles compos de Cocoon avant même leur passage dans la capitale le 13 Décembre au Casino de Paris. On rappelle que le duo folk de Clermont-Ferrand vient tout juste de sortir Where The Oceans End, un deuxième album fort attendu et qui tient toutes ses promesses. Folk toujours avec la jeune Mina Tindle en première partie...

On se pointe vers 20h30. Les portes viennent tout juste d'ouvrir. C'est la première fois que je vois une telle file s'étirer devant l'EMB. Certains en profitent pour se fumer une dernière clope en faisant la queue. La salle est blindée de monde... On pouvait s'y attendre. Comme on ne peut plus accéder aux premiers rangs, on préfère monter en passerelle. Comme d'habitude, ça commence pile à l'heure. Mina Tindle ouvre le bal. Mina Tindle, c'est le projet de Pauline de Lassus, une jeune femme déjà croisée chez Toy Fight ou aux côtés de JP Nataf. Elle attaque seule à la guitare électrique sur le superbe "The Good". Sa voix un peu voilée, ses envolées vertigineuses, la douceur de cette ballade, suffisent à captiver le public en un clin d'oeil.

Pour la suite, la jeune femme est accompagnée de Guillaume (guitare, basse, choeurs) et Maxime (claviers, occasionnellement percus). Le splendide "The Kingdom" vaut le détour à lui tout seul. Quelle ligne de clavier ! "Lone Rider" commence comme une psalmodie, en voix seule et boîte à rythmes. Il s'étoffe ensuite d'un clavier qui sonne comme une petite boîte à musique avant de changer brutalement de rythme. C'est peut-être le titre qui présente les orchestrations les plus variées de la setlist jouée par Mina Tindle ce soir. On termine sur "Lovely Day" dans une belle ovation avec un clavier qui semble jouer des castagnettes !

Place à Cocoon! La dernière fois qu'on les a vus en concert, c'était en Mai 2009 à la Cigale, une des toutes dernières dates de la tournée précédente. Un an et demi plus tard, on retrouve le duo pour la première de la tournée qui accompagne la sortie de Where The Oceans End, deuxième album du groupe.

Pendant la pause, la salle ne s'est guère vidée. On sent que les places sont chères et que chacun cherche à conserver la sienne ! Pas d'énervement cependant. Le public, plutôt jeune, est bon enfant et ne s'impatiente pas. A 22 heures, black-out ! Sur un grondement de tonnerre, l'impression d'une pluie battante et des grincements inquiétants de vieux raffiot qui souffre sous la tempête, le groupe fait son entrée. Les arpèges de la sublime intro de "Sushi" semblent apaiser les éléments qui se calment comme par enchantement pour laisser place à la douceur... Ça doit être ça l'effet Cocoon !

Une ovation de folie vient ponctuer ce premier morceau et fait trembler les murs de l'EMB. Avant d'enchaîner, Mark et Mo souhaitent le bonsoir à la salle et disent combien ils sont heureux d'être là ce soir. Précision inutile, leurs visages parlent pour eux. Ils rayonnent littéralement ! Un vrai plaisir...

Le duo est bien entouré. On retrouve Raphaël Séguinier à la batterie et Oliver Smith à la basse (et parfois à la contrebasse électrique). Le duo de cordes est désormais devenu trio avec l'arrivée d'Olivier Koundouno (bien connu de ceux qui suivent Emily Loizeau) au violoncelle. Enfin, Morgane a délaissé ses claviers et synthés au profit d'un vrai beau piano droit (numérique il est vrai) derrière lequel elle semble toute petite.

A l'exception de "Yum Yum", Cocoon va jouer l'intégralité de Where The Oceans End. C'est l'occasion de vibrer d'émotion sur les superbes "Mother", "Sea Lion II", la suite de "Sea Lion" comme l'explique Mark, toujours partant pour un bon mot, dotée d'une intro au

violoncelle de toute beauté, un morceau joué complètement acoustique (piano, guitare, trio à cordes), ou encore "Oh My God", le morceau préféré de Mark sur Where The Oceans End, une chanson écrite à New York et portée par des cordes splendides. Mais Cocoon sait aussi faire bouger le public avec l'entraînant "Comets" que tout le monde connait par coeur, l'hyper speed "Dee Do" ou sa reprise étonnante du "Empire State Of Mind" de Jay-Z.

Le premier album n'est pas oublié avec les grands classiques que sont "On My Way", "Chupee" ou "Tell Me", repris en choeur par la salle. "Vultures" nous est servi dans une version inédite. Mark est à la guitare et la rytmique est imprimée par les claquements de doigts du groupe et du public. Rien à redire, ça swingue impeccablement. "Cliffhanger" est toujours aussi belle, accompagnée ce soir d'une superbe projection qui invite à la rêverie... Un croissant de lune et des centaines d'étoiles nous font de l'oeil dans un ciel indigo : magique ! Pour ne rien gâter, les cordes sont géniales, parfois jouées en pizz ce qui donne un effet remarquable à l'orchestration.

Après deux rappels, le duo se retrouve seul pour nous offrir le dernier titre de cette belle soirée, un magistral "Cathedral", dépouillé à l'extrême. Les éclairages émeraudes sur Mark et Morgane et les vitraux violets projetés en fond de scène renforcent le côté poignant du morceau. La salle, bouche bée, profite de ces derniers instants d'enchantement...

SLB