Chris Martin avait fini par nous lasser un peu avec ses tubes trop lisses et trop attendus... On avait
même écouté X&Y (2005) d'une oreille distaite. Heureusement, il a fini par se lasser lui-même. Aujourd'hui,
Coldplay fait sa révolution ! Pour enfoncer le clou, le groupe a choisi des symboles forts pour ce
quatrième album. La pochette représente l'oeuvre d'Eugène Delacroix (1798 – 1863), "La Liberté Guidant Le Peuple",
tableau révolutionnaire s'il en est, et le titre choisi est Viva La Vida, nom d'une peinture de Frida Kahlo,
qui vécut son enfance au milieu de la Révolution Mexicaine. Côté musique, l'album n'est peut être pas aussi révolutionnaire
que ce l'on était en droit d'espérer à l'écoute des interviews du groupe mais l'effort est louable et Viva La Vida
présente même quelques très belles réussites. Si Coldplay pouvait continuer dans cette voie, on serait ravis de les y suivre.
Ça commence sur un instrumental sans grand intérêt, "Life in Technicolor", que l'on s'empresse d'oublier...
Les choses sérieuses démarrent réellement avec ce "Cemeteries of London", belle ballade de style irlandais au lyrisme
assez comunicatif. On enchaine sur "Lost!". Si Coldplay assure avoir composé ce morceau en pensant à
un titre de Blur (époque de l'excellent Leisure), nous on pense plutôt à U2 en
l'écoutant. Et cette fâcheuse impression reviendra à plusieurs reprises ("Lovers in Japan", "Strawberry Swing"). Pourquoi
Coldplay cherche tant à ressembler à U2 ? Que Chris Martin révère ce groupe, soit, mais qu'il cherche à faire la même
chose, c'est un peu fort ! Surtout que Chris Martin et ses acolytes ont sans aucun doute les moyens de se démarquer et
d'imposer leur propre style. Quand ils se lancent dans "42", "Yes", "Viva La Vida" ou "Violet Hill", là, on applaudit !
Sur "42", la voix haute de Chris Martin portée par une ligne de piano toute simple en guise d'intro nous chavire
immédiatement. On pense à Lennon et c'est beau. Le morceau s'étoffe ensuite et prend une ampleur quasi psychédélique...
Voilà une belle réussite ! "Yes" est peut être le morceau le plus expérimental à ce jour de Coldplay et
c'est d'ailleurs celui sur lequel on note les deux plus gros changements qu'a effectué le groupe. Déjà, la voix de Chris
Martin est beaucoup plus basse que d'habitude ce qui lui ôte un côté plaintif. Ensuite, dans ces cordes omniprésentes et un
brin orientales, on reconnait l'apport de Brian Eno. Producteur de Viva La Vida, il renouvelle un
peu l'univers Coldplay et donne aux orchestrations une légère coloration world tout à fait inédite. "Yes" est indéniablement
un excellent morceau, une des perles de cet album. Enfin "Viva La Vida" et "Violet Hill" sont des tubes en puissance tout
à fait honorables. Le disque s'achève sur le second titre caché, "The Escapist", dans une ambiance de recueillement.
Au final, le sentiment est partagé mais plutôt positif. Au moins, par rapport à X&Y, Viva La Vida
aura réussi à nous intéresser et même à nous enthousiasmer sur certains titres. On espère que cette mini révolution fera
son chemin...