Cvantez, un nom parfumé d'étrange, aux sonorités qui nous emmènent aussi bien vers les côtes espagnoles que
vers une terre inconnue qui serait située à l'est de chez nous.. Et sur la pochette, ce navire quittant le port est également
une incitation supplémentaire au voyage... Autant de signes nous invitant vers un ailleurs ne peuvent que pousser à poser
Yvettela Musipontaine sur la platine, histoire de découvrir vers où le groupe d'Olivier Salaün veut nous entraîner.
Au final, les onze plages d'Yvettela Musipontaine dessinent un paysage que je ne saurais qualifier autrement que
cinématographique. Oui, la musique de Cvantez nous convoque à un road movie surprenant et sans image. Les
visuels, c'est dans notre crâne qu'ils se déroulent, accompagnés par les instrumentaux du groupe. Car, s'il y a bien quelques
chansons dans Yvettela Musipontaine, l'essentiel du disque est instrumental. Choix osé, bien loin des canons dictés
par les FM commerciales... Mais Olivier Salaün assume. Portés par une guitare omniprésente et toujours belle, ces instrumentaux,
tantôt haletants et débridés ("Plumette", "L'Aine Et La Nuque", "Coton"... tous excellents), tantôt crépusculaires ("Oiseau",
"Trianon", "Les Amants De Fumée"), nous emmènent dans leur sillage et on s'y abandonne bien volontiers. Il n'y a pas à dire, en
quelques minutes seulement, Cvantez s'y entend parfaitement pour instaurer un climat.
Et puis dans Yvettela Musipontaine, il y a aussi les chansons. Trop peu à mon goût. Sandra Escamez est venue poser sa
douce voix et apposer ses textes sur quatre morceaux. "Beaucoup Plus Que Moi", jolie ritournelle mélancolique au goût oldies, nous
fait d'abord un peu penser à Françoise Hardy mais c'est finalement surtout Françoiz Breut qui vient à l'esprit à l'écoute de ces très
jolies chansons. La guitare hypnotique d'Olivier Salaün et le chant distancié de Sandra Escamez se mêlent impeccablement, engendrant
une véritable addiction chez l'auditeur. On en redemande !
Si Cvantez fait un peu figure d'ovni dans le paysage hexagonal et qu'il est fort probable que ses morceaux
n'encombrent pas les disques durs de la plupart des iPod, il est tout de même réjouissant qu'il existe encore des gens capables
d'avoir une vraie démarche artistique, de croire à une certaine idée de la musique quoi qu'il puisse leur en coûter. On salue donc
l'initiative d'Olivier Salaün et on espère que ces lignes donneront envie à quelques curieux d'aller explorer de nouveaux horizons...