"Deux garçons et une fille composent ce trio parisien classieux. Diving with Andy pratique une pop élégante."
Cette petite phrase glanée dans le Paris Guide de 20 minutes, un matin brumeux de février, me trotte dans la
tête une partie de la journée ... puis j'oublie ... Quelques semaines plus tard, je lis une chronique impressionante
dans Les Inrocks d'un album commis par un certain ... Diving with Andy. Cette fois, pas question
d'oublier, le soir même, une fois à la maison, je me connecte et lance mon Google préféré à la recherche de ce curieux
patronyme. Ouf! Le dit Diving with Andy a un site web (fort joli d'ailleurs) et dès l'intro musicale ("October in May"),
je me dis "bonne pioche" : je sais tout de suite que ce groupe va me plaire. La rubrique Medias du site propose 4 extraits
suppémentaires à se mettre entre les oreilles ("Andrew", "Manderley", "Balancing my Head" et "Wishing I Could Taste Him")
et l'impression se confirme : on tient là un sacré bon groupe !
Passé le moment d'excitation, excitation rituelle qui me saisit chaque fois que je découvre de belles choses (comme un
enfant émerveillé et impatient devant ses jouets de Noël), on se calme, on se renseigne sur le groupe, on se procure l'album
et on pose tranquillement la galette sur la platine. Derrière ce nom aussi rigolo qu'intriguant, inspiré d'une nouvelle
américaine initialement intitulée Driving with Andy et devenue Diving with Andy à la suite d'une
erreur, se cachent trois jeunes gens : Juliette Paquereau, Rémy Galichet et Julien Perraudeau. Des français, yes sir,
des français plus anglais que nature et que pourraient bien nous envier nos cousins d'outre Manche ! Ces trois là ont
tous les atouts de leur côté pour faire un malheur : deux instrumentistes talentueux (Julien Perraudeau et Rémy Galichet)
issus du CNSM (Conservatoire de Paris, excusez du peu) et fans de la pop des sixties (Beatles, Crosby Stills Nash,
Beach Boys...) et une chanteuse (Juliette Paquereau) qui, ayant vécu en Angleterre, chante en anglais de façon plus
que crédible. Résultat, dès le premier album, Bingo ! onze chansons impeccables.
Diving With Andy, l'album, a été enregistré au studio ICP de Bruxelles en juin 2004. Pendant que le groupe
recherche un label, il envoie un titre aux Inrocks pour participer au concours CQFD. Avant que la sélection 2006 ne soit
arrêtée, Diving With Andy signe avec Dièse Productions. Finalement le titre "Manderley" sort sur la
compil'CQFD 2006 un mois seulement avant la sortie de l'album. Voilà pour la petite histoire ... Venons-en à l'album en lui-même.
Imaginez deux musiciens fans des Beatles, des arrangements de George Martin et des orchestrations
de Serge Gainsbourg mais de formation classique. Prenez une chanteuse inconditionnelle de Suzanne Vega,
Cat Power, Shannon Wright et ayant baignée un moment dans le Trip-Hop de Portishead.
Ajoutez une pincée de savoir-faire, un zest d'intelligence et un grand sens mélodique. Remuez le tout et laissez reposer ...
Vous obtenez les onze bijoux de pop minimaliste aux orchestrations soignées et à la production élégante qui composent ce
1er album. L'ambiance est le plus souvent mélancolique ("Manderley", "October in May", "Balancing my Head",
"Wasted Time", "The Waltz", "Dear"), parfois un peu plus enjouée ("Andrew", "Wishing I Could Taste"). Deux titres sont un
peu plus durs ("Feeling Insecure" et "Unsure"), révèlant une certaine inquiétude. Le morceau "Where Does it Lead" tranche un peu
avec le reste : véritable plage Trip-Hop que l'on jurerait échappée du fameux Dummy de Portishead !
La voix de Juliette fait penser à celle de ses modèles puisqu'on croit entendre, tour à tour, Suzanne Vega, Shannon Wright,
Chan Marshall mais il y aussi des accents de Laura Veirs ou encore P.J. Harvey
(album Is This Desire ?) sur certains titres. Que de belles références ! Mentionnons encore "Wasted Time",
titre sur lequel Xavier Boyer (Tahiti 80) associe sa voix à celle de Juliette pour un sympathique duo.
L'ensemble instaure un climat de douce nostalgie qui n'est jamais triste grâce à sa grande légèreté. Ce résultat,
on le doit aux arrangements très travaillés qui font la part belle à des intruments classiques (le travail sur les cordes est
épatant) et à la production qui, bien que très présente sait rester discrète. On comprend pourquoi les talents de Rémy
Galichet et Julien Perraudeau commencent à être sollicités : Rémy Galichet a réalisé des arrangements-cordes sur Fosbury
(le dernier album de Tahiti 80) et les deux français ont fait les orchestrations du nouvel album de Dorval
(Celle que vous croyez) qui sortira en avril.
Bravo donc à cet opus prometteur qui, espérons le, fera des rejetons et à ces français qui, aux côtés de gens comme Syd Matters,
Sébastien Schuller, Tahiti 80, les Hushpuppies, Hey Hey My My, ... décomplexe la pop française !