Trois ans après la sortie d'un premier album tout à fait délicieux, L'autre Bout du Monde (2006), et après une tournée
de plus de 200 dates qui lui a permis d'arpenter les
petites scènes
des théâtres de banlieue ou de province aussi bien que les
grosses scènes parisiennes,
Emily Loizeau sort son deuxième album. Loin de marcher sur les traces de son prédécesseur, Pays Sauvage
a de quoi surprendre. Tandis que L'autre Bout du Monde avait été enregistré en petit comité et sur un label indépendant
(Fargo), on change de dimension avec ce second opus. D'une part, Emily Loizeau est passée sur une major avec une signature chez
Polydor/Universal et d'autre part, de nombreux invités jalonnent ce disque si foisonnant qu'il flirte parfois avec une extravagance
tout à fait inattendue.
Pour ce voyage en pays sauvage, Emily Loizeau s'est entourée du meilleur de la scène pop/folk française,
collaborant avec David-Ivar Herman Düne, leader du groupe Herman Düne depuis qu'André Herman Düne a entamé une
carrière solo, et Moriarty,
groupe inventif s'il en est... On croise aussi Thomas Fersen sur le très drôle duo "The princess and the Toad",
Jeanne Cherhal, Olivia Ruiz et Nina Morato pour les chœurs de "La Femme à Barbe" ou encore Danyel Waro pour un étonnant maloya
sur "Dis-moi Que Tu Ne Pleures Pas", version française du très beau "Tell Me That You Don’t Cry". On n'oubliera pas les
deux complices de toujours, le violoncelliste Olivier Koundouno et le batteur et guitariste Cyril Avèque, qui après avoir
accompagné Emily tout au long de sa tournée, participent ici aux arrangements.
C'est le superbe "Pays Sauvage" qui ouvre l'album. Déjà entendu en concert, ce titre est un trait d'union parfait avec
L'autre Bout du Monde. En un ultime hommage à son père, Emily Loizeau accueille ses fans en terrain
connu, leur offrant un titre familier et attendu. Dès lors, elle peut tourner la page et aborder de nouveaux territoires comme
avec "Fais Battre Ton Tambour", surprenant negro spiritual, qui permet à la joyeuse troupe des Moriarty au grand complet
de s'en donner à coeur joie. L'ensemble de l'album est à l'image de ces deux premiers titres. Une alternance de morceaux
mélancoliques assez proches de "I'm Alive" par exemple avec "Tell Me That You Don’t Cry", "Songes" ou le folk dépouillé
"In Our Dreams", et de morceaux plus world où l'élégance des percussions et la richesse des rythmes font des merveilles
("La Dernière Pluie", "Coconut Madam", "Ma Maison").
Pays Sauvage est un album éclectique, généreux et insolent qu'il faut prendre le temps d'appréhender pour
en découvrir toutes les richesses mais le jeu en vaut la chandelle ! Un deuxième essai transformé haut la main...