La dame n'est pas une nouvelle venue dans la musique et, pourtant, je dois bien avouer que je n'ai pas vu passer ses précédents efforts. Aucun des sept opus déjà lâchés dans la nature par Erin McKeown n'est parvenu jusqu'à mes oreilles. C'est donc le moment de se rattraper avec la sortie, ce mois-ci, de Hundreds of Lions, distribué en France par Naïve. C'est le premier album comportant des morceaux inédits depuis 2005 et We Will Become Like Birds, un disque produit par Tucker Martine, producteur attitré de Laura Veirs, une autre américaine connue pour son folk finement ciselé. Cette fois, Erin McKeown a fait appel à Sam Kassirer (collaborateur également de Josh Ritter) pour produire Hundreds of Lions.

L'album s'ouvre sur "To A Hammer", une ballade folk guillerette et entraînante qui donne envie d'empoigner des maracas et de chanter à tue-tête. Très belle entrée en matière. La voix est agréable et clairement mise en avant, les orchestrations (cordes, cuivres, bois...) sont très travaillées et s'intègrent avec élégance à l'ensemble... Rien à redire, ça commence plutôt bien ! On embraye sur l'énergique "Santa Cruz", dont la rythmique et le jeu de guitare peuvent parfois faire penser à Vampire Weekend, avant de passer au superbe "You, Sailor". Sobre et dépouillé dans sa majeure partie, le morceau s'achève sur un final instrumental nappé de cordes. Propre à vous faire frissonner, de plaisir ou d'émotion, "You, Sailor" range définitivement Erin McKeown parmi les plus belles plumes féminines (aux côtés d'Anna Ternheim par exemple dont la voix est assez proche) en terme de songwriting ouvragé et délicat. Ces premiers titres cartographient assez bien Hundreds of Lions qui évolue ainsi entre ces trois genres : ballades entraînantes, pop rythmée et chansons intimistes.

On s'arrêtera un instant sur le sublime "(Put The Fun Back In) The Funeral", lent comme une marche, spectral et désespéré. Un titre qui vous étreint et ne vous lâche plus. Sûrement le plus beau morceau d'un album qui ne manque pourtant pas de petits bijoux. Les ingrédients ? Des cordes splendides, une voix qui vous crucifie et une rythmique tout en finesse. On n'oubliera pas non plus "All That Time You Missed" ou "Seamless" que l'on n'hésitera pas à qualifier de véritables merveilles. Et "The Lions, "The Foxes" ou "The Boats" contenteraient très certainement plus d'un groupe s'il arrivait à composer ne serait-ce qu'un seul titre de ce calibre...

Autant de réussites sur un album, on applaudit des deux mains et l'on s'incline avec respect.