À seulement 19 ans, frYars nous offre l'album le plus singulier de ces derniers mois... Imaginez Ben Garrett, le jeune homme se cachant derrière frYars, comme le rejeton d'un couple formé par Morrissey et Dave Gahan ou d'une union entre David Bowie et Klaus Nomi. Toute autre combinaison entre ces quatre-là est évidemment possible. Ça y est, vous avez une idée de ce que je veux dire ? Non ? Bon alors on développe... Cela donne un musicien précoce et un premier album étrange mais foisonnant, détonnant mais excellent.

Avec ses claviers eighties, Dark Young Hearts emprunte souvent aux sonorités électro New Wave que l'on croirait sorties d'un album de Depeche Mode (pas étonnant donc que Dave Gahan ait immédiatement accroché au point de venir faire les chœurs sur le single "Visitors") tout en développant des ambiances volontiers sombres que l'on attribuerait sans problème au courant Krautrock ou à de la pop allemande. Cette sensation tient sans aucun doute à la façon de chanter de Ben Garrett avec cette voix grave à la préciosité affectée et cet accent british tellement forcé qu'il en devient presque celui d'un étranger. A titre d'illustration, les meilleurs exemples (et sûrement les meilleurs ambassadeurs de Dark Young Hearts) sont sûrement "Lakehouse", "Visitors", "Olive Eyes" et "Of March", tous les quatre carrément impeccables. Mais frYars ne saurait se limiter à ces références forcément restrictives et dans son premier essai, on trouve aussi des ritournelles pop euphorisantes ("Jerusalem", "The Ides"), une ballade romantico décalée et totalement inclassable ("A Last Resort"), des miniatures aux harmonies quasi classiques ("The Novelist's Wife", "Benedict Arnold") et une électro valse endiablée et déjantée ("Ananas Trunk Railway"). Tout cela avec autant de naturel que de panache...

Il faut plusieurs écoutes attentives pour pénétrer l'univers exigeant de frYars mais le jeu en vaut la chandelle et on ne regrettera pas le temps passé à écouter Dark Young Hearts. Réellement une excellente découverte !