Quelques jours après son passage au Printemps de Bourges et juste avant de repartir sur les routes de France pour poursuivre la tournée qui accompagne la sortie de son dernier album, Jeanne Cherhal nous fait l'honneur d'une salle parisienne, et quelle salle, puisque Jeanne pose ce soir son piano à l'Olympia. La première partie est assurée par la flamande An Pierlé, elle aussi en tournée pour la promotion d'un album sorti en juin 2006. Il fait très chaud ce soir sur Paris, les terrasses ont pris des airs d'été et c'est en espérant y trouver un peu de fraîcheur que je m'engouffre dans le hall de cette salle mythique.

Pendant que j'attends la fameuse liste des invités qui me donnera le précieux sésame permettant d'accéder à la salle, le hall de l'Olympia avale goulûment le public qui se présente en nombre à lui! On a prévu du monde ce soir puisque la salle est en configuration debout/assise, c'est à dire que tout le bas n'offre que des places debout tandis que les places assises sont au balcon.

Vers 20 heures, les lumières s'éteignent et An Pierlé entre en scène accompagnée de son seul guitariste (et compagnon) Koen Gisen. Vue récemment au Bataclan, accompagnée de son groupe le White Velvet, je suis un peu surprise de la voir en formation restreinte. Sa prestation, très courte - 30 petites minutes - va lui permettre d'interpréter 6 titres pendant lesquels elle alterne position assise derrière son clavier et debout au micro. Koen, lui, passe de guitare électrique à guitare acoustique au gré des morceaux.

Tantôt angélique ou puissante, la voix d'An Pierlé accompagne des morceaux pop/rock de belle facture comme les excellents "How Does It Feels" ou "Tenderness". Au milieu de son set, la chanteuse diffuse un intermède publicitaire qui fait rire l'assemblée, en proposant, comme remède à nos éventuels problèmes conjugaux ou de kilos superflus, l'achat de son CD (White Velvet - [PIAS] Recordings - 2006), disponible à la fin du concert ! La prestation, vraiment trop courte, s'achève sur une reprise du tube des Rita Mitsouko, "C'est Comme Ça", reprise enlevée et convaincante, le petit grain de folie de Catherine Ringer compris!

Après 20 minutes de pause, les lumières s'éteignent à nouveau et la tension monte, aidée par une chaleur étouffante et un public impatient. Enfin, les premières notes se font entendre et sur une intro au rythme syncopé, Jeanne Cherhal fait son entrée sous les applaudissements frénétiques du public.

Après s'être installée au piano, Jeanne débute par "Canicule", morceau qui ouvrait son dernier album (L'Eau - Tôt ou Tard - 2006) et particulièrement de circonstance aujourd'hui. La setlist est assez proche de celle que l'on avait pu goûter lorsqu'on l'avait vue en concert en février à Conflans-Sainte-Honorine. L'ensemble de l'album L'Eau va être joué. On notera les interprétations très rock de "La Peau sur les Os" ou "Je Suis Liquide" qui s'achèvent dans des déflagrations de guitare. Sur "Une Tonne", un trio de cuivres (tuba, trombone, trompette) arrive en renfort et la participation active du public est requise. Avant de se lancer tête baissée dans le morceau, Jeanne nous explique en quoi consiste notre rôle et nous fait répéter, histoire qu'on ne lui sabote pas son titre. Il s'agit de faire Pom, Pom - au moment où elle nous l'indiquera - le premier Pom en La, le second en Ré ! Ça semble compliqué mais tout se passe bien finalement ... grâce à un public attentif et motivé ! "L'Eau" est jouée par deux fois sur deux interprétations différentes, d'abord dans une forme assez proche de l'album - les bonbonnes d'eau suspendues au dessus de la scène glougloutent gentiment - puis chanté A Capella, lors de la présentation des musiciens.

La rythmique est alors assurée par l'ensemble de la troupe tapant dans ses mains en cadence.

Des titres plus anciens et une reprise inattendue, mais très réussie, de "L'Homme à la Moto" viennent compléter le tableau. On notera les très drôles "Ça Sent le Sapin", "Les Photos de Mariage", "La Station" - véritable tube pendant lequel quelques briquets s'allument dans la fosse - et les moins drôles mais réalistes "Rural", "Un Couple Normal", "Le Petit Voisin", tous issus de 12 Fois par An (Tôt ou Tard - 2004). Les seuls rescapés du premier album (Tôt ou Tard - 2002) sont "Un Trait Danger" chanté d'une voix robotique à souhait et porté par une grosse rythmique et "Avec des Si". "Quand on est Amoureux", chanté ce soir avec une anti-sèche (lors du dernier concert, Jeanne l'avait chanté à la demande du public tout en prévenant qu'elle ne se souvenait plus des paroles), fait toujours rire malgré son réalisme finalement pas si drôle ...

Sous ses dehors d'Elfe mutin, Jeanne Cherhal sait tour à tour, parler de sujets sérieux, aborder le quotidien avec humour, se montrer une véritable bête de scène ou distiller une émotion palpable. Les très beaux "Tu m'attires" et "Merci" me donnent toujours le frisson. Après deux rappels, Jeanne achève ces deux heures d'un concert merveilleux sur "Petite Soupe" et ses nappes de synthé. Le public, visiblement aux anges, quitte lentement une salle devenue sauna pour retrouver la fraîcheur extérieure !

SLB

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