Joseph Leon ou le temps retrouvé... Allez savoir pourquoi, je ne peux m'empêcher d'associer Joseph Leon à une
histoire de temps... Tout d'abord parce qu'à 33 ans, Joseph Leon a pris le temps de la réflexion pour savoir ce qu'il avait
réellement envie de faire. Ensuite, il a également pris le temps de peaufiner ce premier album magnifique et, enfin, ses belles
ballades intemporelles donnent envie de l'arrêter un moment ce temps qui nous impose d'aller toujours plus vite, cette fuite
en avant qui nous prive de l'essentiel.
Sorti en autoproduction fin 2006, Hard As Love était passé presqu'inaperçu. Il ressort aujourd'hui chez Real Time
Records et on espère que cela lui permettra de toucher le grand public. Il y a tant de douceur, d'émotion et de beauté dans le
folk hanté de Joseph Leon, un folk hanté par les fantômes d'une Amérique qui n'est plus, qu'on ne peut qu'applaudir
le résultat et écouter, encore et encore, ces dix perles intimistes qui vous touchent au plus profond de votre être.
Dans le genre, on n'avait rien entendu d'aussi beau en France depuis Syd Matters.
Entre folk originel - écoutez les magnifiques "Painless", "Across the Sea" ou "Oh Man" - americana où l'on se voit débarquer
un sac sur l'épaule à San Francisco pour y rencontrer les survivants de la Beat generation ("San Francisco Bay", superbe) et jazz
cool ("Forever Cold", génial), Joseph Leon tisse des chansons nostalgiques où il est question de rencontres, d'amours
et de séparations... L'album a été produit par ses soins mais Benoit Rault (du trop rare Ben’s Symphonic Orchestra) s'est investi sur
quelques arrangements.
En résumé, un disque somptueux qui place Joseph Leon aux côté des grands songwriters de notre temps et un
album comme on aimerait en écouter tous les jours...