Un peu plus d'un an après la sortie de † (Cross) et en n'ayant à son actif qu'un unique LP et une poignée de singles, Justice ose le live... Ça sent le coup commercial à plein nez et pourtant, on n'est pas déçu. D'abord parce que le CD, enregistrement live d'un concert donné à San Francisco lors de la tournée US du groupe, est très bien. Dès l'introductif "Genesis" qui met deux minutes à décoller avec une lente montée qui fait grimper notre taux d'adrénaline, on se laisse embarquer et on ne décroche pas avant le final. On est vite scotché par la puissance sonore de ces bombes électro dont le groupe a le secret, et ce, d'autant plus rapidement que l'on peut se permettre d'écouter le CD à fond les manettes. Certes, le risque est grand de se fâcher irrémédiablement avec ses voisins mais l'expérience vaut d'être tentée. Ecouter A Cross the Universe en sourdine ne rime à rien...

On retrouve bien évidemment sur ce live les classiques de Justice, l'imparable "D.A.N.C.E." qui fait suite à un "Phantom" (Parts 1 et 1.5) tout à fait extra, le génial "DVNO", "Waters of Nazareth", "Stress"... et l'ambiance est au rendez-vous. Tous ces ingrédients justifient finalement ce live précoce dans la carrière d'un tout jeune groupe mais, le vrai plus, c'est ce DVD documentaire qui accompagne A Cross the Universe.

Filmé lors de la tournée américaine de Justice, une tournée longue de 18 mois, ce DVD suit le groupe et son équipe quasiment au jour le jour. C'est là que réside l'intérêt du film, un film qui pourrait s'intituler Justice, ombre et lumière. La lumière, ce sont les concerts. Avec cette croix qui s'allume brutalement, sortant du néant et brillant de 1000 feux... Avec cette musique festive qui fait danser des milliers de personnes... L'ombre, c'est tout le reste... L'envers du décors. Un quotidien que l'on a du mal à imaginer tant il est peu glamour... Des heures sur la route aux côtés d'un chauffeur de bus qui s'entraîne pour émettre la note la plus grave jamais émise par un organe humain ou d'un tour manager fana d'armes à feux, des lendemains de fête qui déchantent, mal de crâne et nausée en sus, des villes glauques, des bagarres qui finissent dans le sang, des groupies qui s'accrochent et des virées au poste de police menottes aux poings... Le film est peu agréable à regarder mais d'un point de vue documentaire, il est excellent. Sans concession, il a l'avantage de remettre les choses à leur place. Gaspard Augé et Xavier de Rosnay descendent de leur piédestal d'icônes électro, humains après tout...

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