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      Keziah Jones - Nigerian Wood (2008)    Site : http://www.keziahjones.com - Genre : Funk/Soul/Rock - Label : Because Music

Keziah Jones, bluesman globe-trotter et cosmopolite, inventeur de son propre style, le blufunk (mélange de blues, de soul et de funk), revient titiller nos oreilles. Cinq ans se sont écoulés depuis Black Orpheus, album qui lui avait permis de renouer avec le succès. Si Black Orpheus était un hommage à Fela Kuti, maître de l'afrobeat, véritable père spirituel, nigérian comme lui et également originaire de l'ethnie Yoruba, Keziah Jones estime cependant que cet album n'était pas suffisamment produit. Il a donc eu envie, pour le disque suivant, ce Nigerian Wood qu'il considère être le second volet de Black Orpheus, de davantage de sophistication. C'est ainsi qu'il a fait appel à Karriem Riggins, percussionniste de jazz et producteur de hip hop (Erykah Badu, The Roots, Common...). La mission de Riggins était double : traduire en percussions le jeu de guitare si particulier de Keziah Jones et rendre rock et jazz le son de Fela. Le résultat ? Un album plus pop que le très sec Black Orpheus, aux chansons plus mélodiques, soutenues par des basses et des percussions qui claquent.

Les douze plages de Nigerian Wood naviguent entre afro funk et ballades soul. C'est "Nigerian Wood" qui ouvre le bal. Titre plein d'énergie, clin d'oeil au "Norvegian Wood" des Beatles, ce morceau vous entre immédiatement dans la tête pour ne plus vous lâcher ensuite avec son refrain facile à retenir et son rythme tribal. C'est là que l'on mesure l'impact de Karriem Riggins : la rythmique est impeccable. Ecoutez cette basse ! Un vrai régal ! Pour rester dans la veine afro funk, citons aussi "African Android", morceau sur lequel Keziah Jones s'aventure sur les terres de Prince ou encore "Lagos vs New York", où l'enfant de Lagos devenu citoyen New Yorkais crie son amour à la ville de ses racines. Là encore, la rythmique est remarquable, renforcée, sur ces deux titres, par une section cuivres.

Les autres morceaux sont beaucoup plus soul ("Long Distance Love", "Beautifulblackbutterfly", tous deux superbes, "My Brother" mélancolique et dépouillé, juste porté par un trio à cordes) même si parfois, cette soul reste indissociable du funk ("My Kinda Girl", l'incontournable single, "Pimpin'", "Blue is the Mind" - à l'orchestration vraiment sublime - ou "In Love Forever"). Sur ce genre de titres, la voix souple et caressante de Keziah Jones fait évidemment des merveilles. Le cas de "1973 (Jokers Reparations)" est à placer à part. Eminemment politique ce titre évoque la violence militaire qui a fait basculer son pays dans la dictature et où l'inflation du naira a plongé le Nigeria dans la misère. Outre cet aspect important, ce titre est musicalement original. Psychédélique dans l'âme, il mêle allègrement choeurs ethniques, voix aériennes, discours politique (façon dictateur sur fond de kalachnikov), guitare acoustique, basse et afrobeat. C'est pour moi l'un des meilleurs morceaux de l'album aux côtés de "Blue is the Mind" et "Long Distance Love".

A noter enfin un livret au design soigné et une pochette superbe. La photo est signée Mondino et elle illustre parfaitement ce qu'est Keziah Jones : un homme écartelé entre sa vie d'aujourd'hui et ses racines, un dandy moderne et élégant tout aussi à l'aise dans une rue de Paris, Londres ou New York qu'assis sur un vieil ampli devant un piano déglingué...

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Keziah Jones - Nigerian Wood (2008) - Tracklist
Nigerian Wood // African Android // My Kinda Girl // Long Distance Love // Beautifulblackbutterfly // Pimpin' //
Lagos vs New York // 1973 (Jokers Reparations) // Unintended Consequences // Blue is the Mind //
In Love Forever // My Brother

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