Depuis le démarrage de la tournée "Les Saisons de Passage", débutée en Novembre 2009, M remplit les salles, jouant chaque fois à guichets fermés, alignant les Cigale, Olympia ou Zénith parisiens comme personne. Cet été, il sera présent sur tous les gros festivals : Solidays, Main Square, Francofolies de La Rochelle, Vieilles Charrues, Paleo, Nuits de Fourvière... Tous les Zénith de France vont également connaître son passage et l'année 2010 se terminera en apothéose avec deux Bercy les 16 et 17 Décembre. Ce phénomène M, cet engouement incroyable nous ont donné envie d'aller y voir de plus près. En première partie, Matthieu Chedid a invité Cyril Atef, son batteur de toujours, et son projet solo CongopunQ...

CongopunQ c'est le duo insolite que forment Cyril Atef et Constantin Leu alias Dr. Kong. Cyril Atef, outre ses fonctions de batteur pour M, s'est déjà fait connaître au sein du groupe Bumcello, aux côtés de Vincent Ségal. Dans CongopunQ, musicalement, c'est lui qui fait tout. Il joue de la batterie ou des percussions, chante, triture des boîtes à rythme, lance des boucles, se sample... Mister Kong ne joue pas d’instrument et ne chante pas. Enveloppé dans une couverture, un poing serré dans un gant de boxe, il s'affaire au milieu de ses accessoires incongrus. Sur "Sanza Music", par exemple, il s'efforce de fabriquer une cabane à grand renfort de tubes en plastique et de sacs poubelle ! A chacun de faire fonctionner son imaginaire... Cette première partie s'achève sur un "N'Importe Quoi" particulièrement rythmé qui permet au public de s'époumoner quelques minutes.

Dès 20h30, le public se met à scander "Matthieu, Matthieu" et l'impatience est palpable. Le concert ne démarrera que quinze minutes plus tard, le temps que, sous la pression, le Zénith, archi-comble, se transforme en une cocotte-minute proche de l'explosion. Enfin, l'intro parlée de "Crise", un titre échappé des Lettres à Tanagra, résonne. Les instruments attaquent tandis que le rideau s'ouvre pour nous dévoiler une scène baignée de lumières bleues. Côté esthétique, rien n'a été laissé au hasard. La dominante est blanche. Des décors au piano, des retours instruments au M géant découpé dans le fond de scène et qui servira de porte de sortie, tout est blanc... M est toujours invisible et la foule retient son souffle. On enchaîne sur une intro de guitare mitraillette qui déclenche une ovation. C'est "Myster Mystère", morceau qui a donné son nom au dernier album sorti l'été dernier. Tel un diable, Matthieu Chedid bondit enfin sur scène.

Tout de noir vêtu, la tête surmontée de sa désormais célèbre coiffe qui semble avoir remplacé la coupe de cheveux qu'il avait créée en même temps que le personnage de M, il arbore d'immenses lunettes à grosses montures blanches en forme de papillons et porte ses Repetto vernies, l'une blanche, l'autre noire, des chaussures spécialement conçues pour la sortie de Mister Mystère.

Le concert est en deux parties. La première est essentiellement consacrée au dernier album et M y est accompagné de ses musiciens, au rang desquels, Joseph et Anna, ses frère et soeur. Difficile de raconter un concert dans son ensemble mais, bien sûr, de nombreux temps forts jalonneront ces quinze premiers morceaux... Parmi ceux-là, on aura retenu "Tanagra", un très bel hommage que M a écrit pour son instrument fétiche. Le morceau s'achève sur un long et fabuleux solo de guitare. D'abord très lent et sensuel - la guitare pleure et gémit - ce solo monte en puissance vers son climax. L'instrument hurle de plaisir tandis que le public rugit de bonheur et ovationne la performance.

Il faut signaler également "Ça Sonne Faux" sur lequel M s'offre un bain de foule d'une bonne dizaine de minutes, visitant les gradins jusqu'en haut de la salle, s'arrêtant de temps à autre pour envoyer ces solos magiques dont il a le secret... On se doit d'évoquer aussi le joli sourire de Vanessa Paradis venue, le temps d'un duo surprise, chanter "La Fleur" avec un Matthieu qui, pour l'occasion, est maintenant habillé de blanc. Les musiciens ont quitté la scène, nous laissant profiter dans l'intimité de ce beau moment. Enfin, je ne saurais oublier "Je Dis Aime". D'abord parce que Matthieu Chedid viendra se planter juste devant moi l'espace de quelques instants et, d'autre part, le morceau, que le public chante avec ferveur,

est agrémenté d'une plage instrumentale de dix à quinze minutes. Un vrai bonheur ! M aligne les solos, joue avec les dents, se fait visiblement plaisir, juste accompagné d'une rytmique basse/batterie discrète. Cette partie s'achève sur un final de fête et dans une ovation démente avec "Amssétou". Le public, monté sur scène, danse au milieu des musiciens avant que le groupe ne vienne saluer et se retirer.

Sur ce premier rappel qui a des allures de seconde partie, M est seul à la guitare, tout au bord de la scène, au plus près de la salle. Le rideau s'est refermé et Matthieu Chedid va enchaîner ses plus gros tubes, de "À Tes Souhaits" à "Onde Sensuelle" en passant par "Qui De Nous Deux" pour finir sur "Machistador" avec l'ensemble des musiciens revenus pour ce final. La salle connait par coeur chacun des morceaux et la joie se lit sur les visages. Sur une ultime chorégraphie, tous les musiciens, d'abord de dos, se retournent en un seul mouvement, retirent leurs lunettes noires qu'ils envoient à la foule avant de quitter la scène. Matthieu Chedid sort le dernier, avalé par le M géant du fond de la scène.

Deux titres tout en sobriété pour finir... "L'élixir" à la guitare acoustique puis "Lettre à Tanagra" en piano/voix tandis que des centaines de briquets et téléphones s'agitent dans la salle, telles de petites lucioles clignotant doucement dans le noir. Sur les dernières notes de piano, M s'éclipse. Il vient d'offrir deux heures et demi de concert à ses fans qui garderont ce souvenir précieusement dans un coin de leur mémoire...

SLB

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