Dimanche 4 Juillet. Une journée énorme... Certainement la meilleure de ces trois jours. Le temps est splendide et les orages d'hier soir ont fait légèrement baissé la chaleur. Que demander de plus ? De la bonne musique ? Pas d'inquiétude de ce côté là. Il y a un tel programme aujourd'hui que l'on ne sait plus où donner de la tête ! Il a donc malheureusement fallu faire des choix. Pour ce qui est des coups de coeur du jour, sans hésitation, on a choisi Mika et Massive Attack. Deux styles carrément différents pour deux concerts absolument déments. Cela ne diminue en rien les épatantes prestations de LCD Soundsystem, Martina Topley Bird, The Drums ou Julian Casablancas. A retrouver sur notre report général...

Après Moby il y a deux ans ou Slipknot l'an dernier, cette année c'est Massive Attack qui a l'honneur de fermer cette édition des Eurockéennes. En 2008, le groupe de 3D et Daddy G avait déjà eu les honneurs de cette même scène. On avait alors eu l'occasion d'entendre de nouveaux morceaux, entre autres, "All I Want", "Marooned", "Dobro, "Marakesh", tous superbes. On pensait les retrouver sur Heligoland, un cinquième album attendu depuis fort longtemps et finalement sorti en début d'année. Seul "Marakesh", devenu entre temps "Atlas Air", figure en définitive sur le disque. A croire que Massive Attack a de la réserve pour se permettre de laisser de côté d'aussi bons titres...

Ce soir, Grant Marshall et Robert Del Naja sont bien secondés. Il y a beaucoup de monde sur scène : basse, guitares, multiples synthés et deux batteries. Au titre des invités vocaux, la divine Martina Topley-Bird, bien sûr, vue en solo en début d'après midi, le Jamaïcain Horace Andy et sa voix magique, seul invité à avoir participé à tous les albums du groupe, et Deborah Miller, déjà présente sur les tournées de 1995 à 1998. Le concert va durer 1h30 et offrir une intensité remarquable. On ne pouvait rêver plus beau final pour ces Eurocks 2010.

On démarre sur "United Snakes", bonus de l'édition deluxe d'Heligoland. C'est Robert Del Naja qui chante.

La scène est plongée dans la pénombre. Les éclairages bleus et les fumigènes rendent l'ensemble quasi irréel. La rythmique indus ajoute au côté sombre et névrosé du morceau. C'est parfait. En quelques minutes, Massive Attack nous entraîne dans son univers et l'on se laisse aller. Martina Topley-Bird, dans sa robe longue en lamé or, prolonge l'enchantement avec le lent et lascif "Babel" avant que 3D et Daddy G n'attaquent leur premier duo, un "Risingson" plus sombre encore que d'habitude. Dès le départ, une ovation salue ce grand classique de Mezzanine. Semi-obscurité et lumières violentes alternent, la voix de Daddy G n'a jamais été aussi grave... Une atmosphère délicieusement oppressante s'installe. Horace Andy, de sa voix incroyablement douce, aura tôt fait de balayer ce semblant de malaise avec son "Girl I Love You". Et voilà, on a fait le tour d'Heligoland ou presque. A part, un énorme "Atlas Air" pour fermer le concert, c'est tout ce que Massive Attack consacrera à son dernier album, préférant piocher dans le reste de sa discographie pour équilibrer la setlist.

Evidemment, Mezzanine, meilleur album du groupe à ce jour, se taillera la part du lion. Avec le splendide "Teardrop", plus sensuel que jamais et chanté par Martina Topley-Bird. Sur la fin, les sonorités sont beaucoup plus orientales que dans la version studio. Ça rend bien. Avec "Mezzanine" et le duo 3D / Daddy

G. Un électro rock névrosé dopé par un final phénoménal et hyper violent. Des messages à caractère politique ou informatif défilent à l'écran. Avec le prodigieux "Angel", chanté par Horace Andy. L'ambiance monte encore d'un cran si c'était possible. Le public saute, les bras se tendent... Enfin, un "Inertia Creeps" totalement démentiel, chanté par 3D et porté par une rythmique monumentale. Voilà pour Mezzanine. Pas de "Man Next Door", dommage...

On citera encore "Safe From Harm" et "Unfinished Sympathy", deux rescapés de Blue Lines, plus soul que le reste et interprétés par Deborah Miller. "Safe From Harm" est zèbré de stridences de guitare, son final instrumental va crescendo, faisant monter la tension jusqu'à un niveau quasi insoutenable pendant que Robert Del Naja danse comme un pantin épileptique. Enorme ! Enfin, on dira deux mots du génial "Splitting The Atom" tiré de l'EP du même nom. Chanté en rappel, il nous offre 3D, Daddy G et Horace Andy sur un plateau, unissant leurs voix pour une danse électro lente et voluptueuse tandis que Martina Topley-Bird caresse ses synthés et que de superbes rayons verts transpercés d'éclairs bleus foncés arrosent la scène. Peut-être le climax de ce concert pourtant non dépourvu de moments forts !


Partager