Récemment, Moby a décidé de faire des disques plus expérimentaux, des albums qui pourraient satisfaire
son sens artistique et son besoin de créativité, bref des trucs plus personnels. Je ne connais pas assez bien l'univers de Moby pour
dire si, oui ou non, Wait For Me est le fruit de cette réflexion mais deux choses sont certaines. Primo, ce nouvel album est
très loin de Last Night, sorti l'an dernier, et résolument taillé pour les dancefloors. Secondo, il apparaît clairement, à
l'écoute de Wait For Me, que Moby s'est fait plaisir. L'album a été enregistré à la maison en quelque sorte, dans le studio
perso de Moby qui a décidé de se passer des studios prestigieux (et hors de prix) qu'il avait cotoyé précédemment. Ce côté "do it
yourself" (les dessins ornant la pochette sont signés Moby, ce sont des amis qui chantent sur le disque et tous les instruments sont
joués par Moby) est au final très plaisant. L'album évite le côté clinquant des super productions d'aujourd'hui et offre un visage
humble plutôt agréable.
Wait For Me s'ouvre sur l'instrumental "Division". Il y a d'ailleurs de nombreux instrumentaux sur ce disque...
Presqu'un titre sur deux... Peut-être une sorte d'hommage aux albums préférés de Moby, les Heroes ou
Low de David Bowie, enregistrés avec Brian Eno à Berlin, ou encore My Life In The Bush Of Ghosts de Brian Eno
(toujours) et David Byrne. "Division" donc, une intro assez planante qui augure bien de ce qui va suivre, un album cool et reposant.
Seize titres au total, ayant pour jalons, ou points d'ancrage, les chansons, reliées entre elles par ces intermèdes instrumentaux,
parfois très courts (moins d'une minute pour "Stock Radio"). Un son rugueux, favorisé par un mixage sur des machines purement
analogiques et l'utilisation d'un matériel souvent vintage et acheté d'occasion (vieilles reverbs, vieux amplis, vieux claviers),
des voix superbes, une électro minimaliste naviguant entre trip-hop et soul, il n'en faut pas plus pour convoquer émotion et
douce mélancolie.
Hormis "JLTF", trop sirupeuse, et peut-être "Hope is Gone", les chansons sont particulièrement réussies, "Mistake",
"Pale Horses" et "Study War" en tête.
"Mistake",
seul morceau chanté par Moby, est sûrement le must de l'album et le titre le plus pop de cette galette, clin
d'oeil jubilatoire aux Joy Division, New Order, Echo & The Bunnymen ou Bowie de l'adolescent Moby.
En conclusion, un bel album et une excellente surprise de la part d'un Moby que l'on pensait à jamais
passé du côté mainstream de la musique...
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