Le premier album de Neïmo, From Scratch (Big Fields Records, 2005), laissait entrevoir
les potentialités du quatuor parisien. Un rock accrocheur et puissant, bien soutenu par des prestations scéniques diablement
efficaces. Le groupe a pris le temps de peaufiner son second LP, Moderne Incidental, qui sort chez Shangri-La, tout
jeune label indépendant créé par Jeff Ayeroff, fondateur de Virgin US et vice-président de Warner (excusez du peu). Trois
ans de réflexion pour un résultat à la hauteur de nos attentes et, espérons-le, à la hauteur des ambitions du groupe.
Ce qui frappe à l'écoute de l'album, c'est son côté mélodique indéniable. Fini le passage en force, place à un rock
mélodique qui s'appuie sur la voix ultra cool de Bruno, belle et grave, de superbes guitares, des rythmes impeccablement
maîtrisés et une production aux petits oignons (Alan Moulder - Arctic Monkeys, My Bloody Valentine, Smashing Pumpkins... -
a mixé quelques titres). Au final, Moderne Incidental est totalement mature et consistant de bout en bout.
Les influences du groupe sont anglo-saxonnes et, bien sûr, Neïmo chante en anglais...
Aïe se dit-on ! Le voilà le talon d'Achille du groupe... Hé bien non !
Détrompez-vous mauvaises langues et prenez le temps d'écouter l'album... Aucun accent frenchy à l'horizon ! D'ailleurs,
Neïmo tourne déjà sans aucun complexe sur les scènes étrangères et nos voisins (britaniques et allemands) ne nous ont pas
attendu pour donner au groupe leur bénédiction. Comment pourrait-il en être autrement ? Comment ne pas succomber à des
titres aussi catchy que "Johnny Five" (une guitare mitraillette, des ruptures de rythme comme je les aime et une voix
à tomber), premier single de l'album (que vous pouvez découvrir en clip ci-dessous), ou "Echoing Pixels", tube ultime et
sensuel au riff de guitare dévastateur ? Comment ne pas aimer le délicieux "The Loving Dead", dansant à souhait (et qui
nous plonge illico dans le meilleur de la Britpop), ou la superbe ballade pop rock qu'est "The Hourglass" (et toujours
cette voix incroyablement sensuelle) ? Que dire des excellents "Something In Common" ou "Peter & The Wolves" ? Et enfin,
comment ne pas tomber à genoux à l'écoute de "Diamond Lane", morceau en deux parties où la voix grave presque parlée et
une rythmique hypnotique nous charment pendant une bonne première moitié tandis que la seconde partie instrumentale et
psychédélique nous achève : génial ! Entre parenthèses, c'est aussi sur ce titre qu'on entend le fameux
Moderne Incidental qui donne son nom à l'album...
Si avec tout ça vous n'êtes pas encore convaincus et qu'il vous faut quelques références, alors allons-y... Il y a
pas mal de Strokes ("Echoing Pixels", "Something In Common", "The Hourglass") chez Neïmo,
un zest de Pulp aussi ("The Loving Dead") et quelques accents des Smiths
("Something In Common", "Deceit"). On fait pire comme influences non ?