Touché par la grâce ! Ça n'est pas nous qui le disons mais le dossier de presse. On sait que le discours d'un
chargé de promo est laudatif, voire volontiers dithyrambique... Cette fois, la formule n'est pas usurpée pour qualifier
Wooden Arms, le deuxième album du Canadien Patrick Watson. Il fait suite à Close to Paradise
paru en 2006, album qui avait suscité l'admiration et récolté de nombreux prix, dont le prestigieux Polaris Prize soufflé à
Arcade Fire. En 2007, Patrick Watson tourne beaucoup, collabore avec Cinematic Orchestra et compose pour le cinéma.
2008 est consacré essentiellement à l'écriture de ce nouvel opus, Wooden Arms, qui sort aujourd'hui.
Plus qu'un album de Patrick Watson, Wooden Arms est véritablement un album de groupe. Ce
groupe, c'est celui qui l'a accompagné tout au long de la précédente tournée et qui comprend Simon Angell à la guitare,
Robbie Kuster aux percussions et Mishka Stein à la basse. Un groupe que la route et les longs mois passés ensemble a soudé
et qui a travaillé dans une belle complicité. C'est ainsi que les percussions et les cordes ont pris beaucoup d'importance
et que les compositions en piano voix sont moins nombreuses que sur Close to Paradise. Les cordes sont particulièrement
soignées sur Wooden Arms mais ce qui saute immédiatement aux oreilles, c'est le travail effectué au niveau des
percussions. On a eu l'occasion de le constater en concert, Robbie Kuster sait se montrer inventif, tirant d'objets
hétéroclites des sons pour le moins originaux. Il a mis à profit ses talents
pour cet album qui regorge de bruitages plutôt inhabituels (pots de cuisine, tiroirs que l'on ouvre et ferme, vélo et
même cordes de guitare coupées à la pince) donnant une coloration particulière à l'album. L'impression de se retrouver
ailleurs, dans des lieux exotiques que l'on visiterait par les sens.
On peut encore souligner des arrangements extraordinaires et une recherche musicale poussée qui permet au groupe d'oser
de nombreux mélanges qui s'harmonisent parfaitement. Sur le magique "Traveling Salesman", par exemple, on assiste à une
fusion entre de l'electro pop, du jazz et des sonorités trip hop qui chassent sur les terres de Portishead. Le superbe
"Wooden Arms" démarre sur une note jazzy, passe à une tonalité qui fait penser à Erik Satie, puis s'achève sur une valse
argentine déglinguée. L'obsédant Beijing est une petite pièce composée comme un morceau de musique classique qui viendrait
flirter avec de la pop expérimentale. Et ailleurs, c'est le minimalisme qui l'emporte, comme sur "Man Like You" et ses
arpèges de guitare qui nous ramènent à certains Pink Floyd.
En résumé, un disque lumineux, inspiré, varié et si luxuriant qu'on n'a pas fini d'en faire le tour et d'en explorer
les recoins !