Quelle drôle d'idée que d'associer une Russe, exilée aux States bien longtemps après la fin de la guerre froide,
férue de culture tzigane et de folklore russe, j'ai nommé Angelina Moysov, et un guitariste Américain
passionné de power pop et de glam rock, le sieur Tom Ayres. Quand, en plus, ils décident de nommer leur
groupe The Persephone's Bees, on se dit que tout cela n'ira pas très loin... Pourtant, l'alchimie
fonctionne à merveille et, ce qui pouvait sembler totalement improbable sur le papier, se révèle être une excellente idée.
The Persephone's Bees, groupe fondé en 1993 de l'association susmentionnée complétée du batteur Paul
Bertolino et du bassiste Mike Farrell, tire son nom d'un poème d'Osip Mandelstam. Un premier LP, City of Love, sort
en 2001. Il est carrément nominé aux California Music Awards dans la catégorie premier album en 2002. Dans la foulée, The Persephone's
Bees signe chez Columbia Records et sortira Notes From The Underworld en 2006. Aujourd’hui, pour notre plus grand
plaisir, cet album ressort chez Kuskus.
A l'écoute des onze titres de la galette, on comprend vite pourquoi The Persephone's Bees séduit
autant les publicitaires ou les compositeurs de bandes originales. C'est délicieusement rétro avec une prime à la pop
psychédélique des sixties même si les années 70 ou 80 ont parfois leur mot à dire... Ecoutez "Way to Your Heart" ou
"Nice Day", par exemple, et vous penserez immédiatement scopitone plutôt que clip. Et "Queen's Night Out" a ce côté
psychédélique que l'on imagine parfaitement dans le générique de début d'un James Bond des années 60 ou 70 ou comme
bande son d'un Austin Powers. L'ensemble de l'album dégage un côté frais et incroyablement entraînant au point qu'on
ne compte plus les titres catchy en diable... La voix mutine d'Angelina Moysov nous saisit d'entrée de jeu pour ne
nous relâcher que 45 minutes plus tard... Et enfin, cerise sur le gâteau, les arrangements sont absolument fabuleux.
Prenez "Climbing" ou "City of Love" et écoutez bien... De nombreuses petites trouvailles sonores viendront vous
chatouiller agréablement le tympan, sans oublier la ligne de basse funky et phénoménale de "City of Love". Tout le
crédit de ces arrangements particulièrement soignés revient à Eric Valentine, producteur du disque,
qui a fait un boulot vraiment remarquable.
Il faut aussi évoquer "Muzika Dlya Fil'ma", qu'Angelina Moysov chante dans sa langue natale, véritable curiosité qui
vaut le détour parmi les dix autres titres de Notes From The Underworld. Imaginez la classe d'un groupe comme
Pulp (celui de Separations) mêlé à un grin de folie russe... C'est irrésistible et on n'est pas
loin de l'univers d'un Quentin Tarantino.
Bref, vous l'aurez compris, nous avons trouvé Notes From The Underworld tout à fait séduisant, une pop
charmeuse et sans prétention qui fait mouche...