Une soirée à ne manquer sous aucun prétexte aujourd'hui à la Cigale... L'un des meilleurs artisans actuels d'une pop ciselée, à savoir le Suédois Peter Von Poehl, vient présenter au public parisien son deuxième album, l'excellent May Day. Cela vaut à coup sûr le déplacement pour tout amateur de mélodies joliment troussées. Quand on apprend qu'en outre, la première partie est assurée par Fredo Viola, on est aux anges ! L'Américain vient de sortir son premier disque et c'est l'une des belles surprises de ce début d'année...

Fredo Viola, dont c'est la première grosse scène, est accompagné de trois musiciens qui se partageront basse, guitares acoustiques, percussions et choeurs. L'Américain, quant à lui, officie au chant, bien sûr, mais lance aussi ses séquences pré-enregistrées. Il faut savoir que Fredo Viola est passé maître dans l'art de créer de très belles harmonies vocales à partir de sa propre voix... Témoin, un premier album magnifique sorti voici quelques semaines et qu'il faut absolument écouter. S'il est assez facile de superposer les couches en studio, il est plutôt compliqué de se dédoubler pour recréer cet effet de chorale en live ! A ce niveau, l'apport du guitariste est indéniable, comme sur "Friendship Is...", chanté à deux voix et qui est parfait ainsi. Mais sur des morceaux basés principalement sur des effets de voix, Fredo Viola a résolu le problème en se pré-enregistrant. C'est le cas sur "The Turn", morceau éblouissant qui ouvre le set, ou encore sur le superbe "The Sad Song". Même si une bonne partie du public ne connait pas encore Fredo Viola, la beauté de ces deux chansons n'a échappé à personne et elles sont largement ovationnées.

Pour finir, Fredo Viola nous offre une version endiablée de "The Original Man" (à voir absolument si vous pensez qu'un duel de guitares acoustiques ne peut pas sonner rock) avant d'entamer une reprise du "Downtown" de Petula Clark. Avec Fredo Viola, ce tube des sixties ne semble aucunement dater... Au contraire, il parvient même à en faire un très bel instant qui reçoit les pleins suffrages de la salle. Finalement, le groupe quittera la scène sous une ovation assez incroyable pour une première partie.

Peter Von Poehl avait déjà eu les honneurs de la Cigale... C'était en 2006 et il venait de sortir son premier album, Going To Where The Tea Trees Are (Tôt ou Tard), un album qui nous permettait de découvrir un sacré mélodiste. Trois ans plus tard, le Suédois récidive avec la sortie de l'impeccable May Day qu'il vient défendre sur scène. Il attaque en solo à la guitare acoustique sur un inédit, "28 Paradise", morceau très calme qui nous permet d'entrer en douceur dans le concert.

S'ensuivent quelques titres de May Day accompagnés du groupe qui a rejoint Peter Von Poehl sur scène. On reconnaît Fred Jimenez à la basse, rencontré alors qu'ils jouaient tous deux pour A.S. Dragon, et Maëva Lebert au violoncelle, déjà aperçue aux côtés d'AaRON à l'Olympia. L'excellent "Carrier Pigeon" et ses réminiscences seventies qui nous ramènent au Genesis de l'époque Peter Gabriel est ovationné mais, dans l'ensemble, ce sont plutôt les titres du premier album qui recevront cet accueil. Le public les connait et les attend souvent avec impatience, comme "Travelers" et "The Story of the Impossible" acclamés dès les toutes premières notes, ou "Scorpion Grass".

Peter Von Poehl parle beaucoup entre les chansons quand il ne les enchaîne pas. Il nous raconte par exemple comment est née l'idée de "Tooth Fairy (Part 1)", chanson basée sur une histoire vraie de rage de dents, survenue à Berlin. Comme il dit avec humour, "ça m'a fait très mal mais je suis encore en vie et il reste une chanson"... Il est comme ça Peter Von Poehl, drôle, charmeur et malicieux, auteur de phrases du genre "c'est le moment de sortir la

grosse artillerie" tout en empoignant un ukulélé pour un "Dust of Heaven" proche de la perfection. Capable aussi de faire rire la salle quand il explique l'origine du mot Mayday qui n'a rien à voir avec sa chanson, ce "May Day" solaire, démarré sobrement en guitare acoustique et clavier, puis étoffé ensuite d'une basse, d'un violoncelle et d'une seconde guitare acoustique. C'est vraiment très beau. On pense à Cat Stevens et l'on se dit que, vraiment, Peter Von Poehl a un talent de mélodiste assez exceptionnel. La première partie du set s'achève sur "An Eye for an Eye" très rock, dont le refrain est repris en choeur par une salle debout de l'orchestre aux balcons...

Pour le rappel, petite surprise... Marie Modiano, qui a signé les textes de certains morceaux de May Day, entre autres les petites merveilles que sont "Dust Of Heaven" ou "Silent as Gold", vient rejoindre Peter Von Poehl pour un beau duo sur "Silent as Gold" justement. Elle se joindra également à lui pour un autre duo, sur le tout dernier titre de cette soirée, un "I'll be Your Baby Tonight" emprunté à Bob Dylan et accompagné, comme il se doit, à la guitare acoustique et à l'harmonica.

Vraiment, il est des concerts qui tiennent toutes leurs promesses et que l'on n'est pas prêt d'oublier !

SLB


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