Ce soir, c'est notre dernier concert avant la traditionnelle trêve de fin d'année. L'agenda parisien des concerts se faisant plus clairsemé entre la mi-décembre et la mi-janvier, on en profite pour faire autre chose... Pour finir cette année musicale en beauté, on a choisi Piers Faccini. Il fait un froid Sibérien sur le boulevard Rochechouart et on est bien content de voir enfin les portes de la Cigale s'ouvrir pour laisser entrer un flot de spectateurs transis. Petite surprise, la salle est en configuration assise...

C'est l'américaine Krystle Warren qui ouvre la soirée. Nous avions eu l'occasion de la découvrir en première partie de Keziah Jones, voici presque un an, sur la scène de l'Olympia. Présentée par ce dernier à Because Music, Krystle Warren venait tout juste d'y signer son contrat. Depuis, la jeune femme a sorti son premier album, Circles. On l'a vue à Taratata puis à Solidays, invitée par Hugh Coltman... Ce soir, c'est Piers Faccini, un autre anglais installé en France, qui lui permet de jouer devant le public de la Cigale.

En une petite demi-heure, Krystle Warren va réussir à mettre le public dans sa poche, un public qui manifestement ne la connaissait pas avant ce soir. Seule sur scène, sous un éclairage chiche, armée de sa guitare acoustique et de sa voix impressionnante, l'américaine va doucement prendre possession de la salle. On démarre sur quelques morceaux calmes avec "My Third Love" qui récolte de beaux applaudissements puis l'excellent "Central Park" qui déclenche les acclamations de la Cigale. Une fois que le public est bien chaud, on peut se lancer sur des morceaux plus enlevés et l'amener à participer. Sur l'ultime "Forget Me Not", c'est toute la salle qui chante tandis que Krystle Warren assure la rythmique en se servant de sa guitare comme caisse de résonance...

A 20h45, guitare à l'épaule, harmonica autour du cou, Piers Faccini fait son entrée sous une véritable ovation. "A New Morning" pour commencer... Bluesy, dépouillé et quasi a cappella. La guitare sonne comme une basse et imprime tranquillement la rythmique. Sur le refrain, Laetitia Shériff prête sa voix pour de chouettes harmonies. Une belle entrée en matière qui séduit illico et se solde par une belle ovation. On poursuit dans une veine folk minimaliste avec l'introspectif "Fire In My Head" tiré de Tearing Sky, avant de passer aux compositions de l'envoûtant Two Grains of Sand (Tôt ou Tard) sorti cette année.

Les premiers arpèges de "To See Is To Believe" déclenchent des applaudissements. Laetitia Shériff a empoigné sa basse, de beaux éclairages bleus nimbent la scène d'une douce lumière, la guitare est superbe et, cerise sur le gateau, Piers Faccini décoche un prodigieux solo de guitare avant de finir a cappella tout au bord de la scène, au plus près du public. L'ovation est énorme et sacrément méritée. L'ambiance ne faiblira pas. Les parties d'harmonica de "A Home Away From Home" sont saluées d'applaudissements frénétiques, les premières notes de "A Storm is Going to Come" sont accueillies par des cris de joie...
Au titre des séquences hallucinantes, il y aura "Midnight Rolling" ou "Uncover My Eyes".

Sur "Midnight Rolling", Piers Faccini attaque avec une ligne de guitare jouée à l'archet, petite intro aux sonorités orientales qu'il sample et garde en réserve pour la suite. Le titre prend son envol, le sample vient se superposer aux autres instruments, la batterie se prend pour des tambours africains, la basse mène la danse, Piers frappe ses cordes de son archet et les percus s'emballent pour un final prodigieux et bluffant. Sur "Uncover My Eyes", ce sont plutôt les harmonies vocales fabriquées de toutes pièces sous nos yeux qui se révèlent impressionnantes. Piers Faccini sample sa propre voix, empile les couches qui finissent par former un choeur gospel assez grave. Laetitia Shériff y superpose sa voix quelques tons plus haut et enfin, par dessus tout cela, Piers vient chanter a cappella. L'effet est assez saisissant. Enfin, "Your Name No More" termine la première partie du concert dans une ambiance de folie.

Deux petits rappels pour la route... Avec de petites merveilles comme "Time of Nought" ou "Each Wave That Breaks" joués en solo, une reprise du bluesman Skip James, "Cypress Grove Blues", un standard blues popularisé par Bob Dylan et chanté en duo avec Krystle Warren, "Corrina, Corrina", et "Deep Blue Sea", a cappella pour finir... On repart le coeur au chaud, prêt à affronter le froid.

SLB

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