En 2004, après quelques années de doutes et de silence radio, Jean Guidoni reprend le chemin des studios pour
nous offrir l'excellent Trapèze (Wagram - 2004). Des gens sont venus à lui qui lui ont redonné confiance et envie : en tout
premier lieu Edith Fambuena (l'un des 2 piliers des ex Valentins) mais aussi Francis Julien et Florence Marin
de chez Wagram ou encore les écrivains Jean Rouaud et Marie Nimier. Edith Fambuena a pris les choses à bras le corps et porté
cet album de bout en bout, écrivant une partie des musiques, le produisant et forçant Jean Guidoni à aborder
le chant autrement, à faire un un vrai travail sur sa voix, le conduisant même à reprendre des cours de chant ... Le résultat est
là, la critique est unanime et le disque qualifié de majeur. Pour la tournée qui accompagne la sortie de Trapèze,
Edith Fambuena conseille à Jean de travailler avec Nicolas Deutsch. Ce dernier adapte les
chansons de Trapèze pour la scène et c'est tout naturellement que Jean lui demande de produire son nouvel album,
ce lumineux La Pointe Rouge qui nous arrive aujoud'hui ...
Outre Nicolas Deutsch, multi-instrumentiste (bassiste-contrebassiste pour Thomas Fersen, Julien Baer), producteur de
l'album donc et qui signe la plupart des musiques, Jean Guidoni s'est adjoint les talents d'autres artistes
et non des moindres ... Les participations de Jeanne Cherhal, Dominique A, Philippe Katerine et Mathias Malzieu
(Dyonisos), qui livrent 4 titres clefs en mains (paroles et musiques), ouvrent ainsi l'album à d’autres univers qui complètent
parfaitement celui du chanteur.
Rassuré sans doute par l'accueil réservé au précédent album et par la demande du public, Jean Guidoni
apparait serein et apaisé ... Les mots sonnent juste, portant la poésie des textes qu'il a tous signés (hormis les 4
cités plus haut) de sa plume, la voix est impeccable, révélatrice d'un évident plaisir de chanter, les musiques oscillant entre chanson,
pop et rock instaurent des climats variés qui nous font passer de la mélancolie à la joie la plus simple. Loin de renier son
passé, Jean Guidoni s'en nourrit pour nous offrir l'univers musical exigeant et profond qu'il a toujours
affectionné mais, abandonnant le côté théâtral et les climats trop noirs qui lui ont longtemps valu l'étiquette de chanteur subversif,
il nous livre un album beau, libre, léger et moderne.
De l'exceptionnel "Fatal", des très beaux "Kérala", "Seul", "Peintures" ou "Mémoire Vive", du rageur et politique "Cloaca Maxima"
(écrit par Dominique A et
chanté en duo avec le Nantais), du tango (ou est-ce une rumba ?) désenchanté "Comme dans un Ballet de Pina Bausch", du nostalgique
"La Pointe Rouge", du poétique et décalé "Un Arbre en Normandie" (écrit par Philippe Katerine), du facétieux et
ambigu "Comme un Autre" (écrit par Jeanne Cherhal et chanté en duo avec elle), de l'énergique et très rock
"Oh Loup !" (écrit par Mathias Malzieu et chanté en duo avec le chanteur de Dyonisos) et des chansons de voyage que
sont "La Carte Postale" et "Exil", tout est beau ... Rien à jeter dans cet album décidément très réussi !