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Home > Musique > Chroniques CD > Nosfell - Kälin Bla Lemsnit Dünfel Labyanit (2006) | |||||||
Site : http://www.nosfell.com - Genre : Rock - Label : V2 Music Qu'on aime ou pas la musique de Nosfell, celle-ci ne laisse pas indifférent. Voici un jeune homme qui redonne tout son sens à un terme trop souvent galvaudé : artiste. Loin de tout courant commercial, la démarche de Labyala Nosfell est profondément artistique au sens ancien du terme. Nosfell a un vrai projet, une approche créative originale qui le met réellement en danger. En bref, il n'a pas choisi la facilité - comme tant d'autres - pour s'exprimer. Commençons par le chant. Sur la moitié des titres, que ce soit sur cet album ou le 1er (pomaïe Klokochazia balek - V2 Music - 2004), Nosfell chante en Klokobetz, cette langue que lui seul parle et qu'il s'est inventé quand il était tout petit. Longtemps synonyme d'isolement, Nosfell a choisi aujourd'hui de donner une dimension artistique à ce langage imaginaire. Cette langue étrange qui nous reste inacessible à nous, auditeurs béotiens, nous propulse dans un univers fantastique, la lointaine contrée de Klokochazia dont est originaire Nosfell. La démarche peut faire penser à Sigur Rós qui avait créé le hopelandic pour son album ( ) (Fat Cat - 2002). Vient ensuite la voix : le registre vocal de Nosfell est si étendu - on passe sans problème du grave rapeux et rocailleux ("Your Elegant Hat") au cristallin d'un enfant ("Günel") - qu'il lui permet d'utiliser sa voix comme un intrument à part entière. Enfin, la musique est totalement à contre courant de ce qui se fait classiquement dans un groupe de pop/rock. Composée quasiment exclusivement de cordes (guitare, basse, violoncelle), elle est écrite par Nosfell et arrangée par le violoncelliste Pierre Le Bourgeois, complice de la 1ère heure, qui, sur cet album, s'est également investi dans la composition puisqu'il participe à l'élaboration de 4 titres. C'est tout, pas d'autres musiciens dans cette formation, hormis quelques collaborations ponctuelles. On vous avait prévenu, Nosfell est un être bien singulier - artiste hors norme, OVNI peut-on lire à chaque article qui lui est consacré - et, c'est ça qui est réjouissant. Il est important qu'il existe encore des gens qui cherchent à créer quelque chose de nouveau plutôt que de répèter - souvent en plus mal - ce qu'ont fait leurs illustres ainés. En cela, on peut saluer également les démarches de gens comme Kafka (nouvel album à paraître, O, le 25/01/2007), MacZde Carpate (Tue-Tête - 2006 - Undergrouille-Ladilafé) ou encore Les Clochards Célestes (Notre Musique ! - 2006 - Autoproduction) qui s'inscrivent dans une logique parallèle. Après un premier album fait avec des bouts de ficelle, un peu dans l'urgence de vouloir sortir un disque à tout prix, ce second opus est plus abouti avec un vrai travail de studio et des moyens supplémentaires. On retouve Klokochazia en bien mauvaise posture ... L’arrivée de Günel, chevalier terrifiant, et de ses chiens, va obliger Nosfell à fuir ! Organisé en trois mouvements (la terreur - la fuite - l'apaisement), cet album nous convie à un nouveau voyage dans l'univers onirique de Nosfell. L'atmosphère, tour à tour, lyrique, jazzy à tendance free jazz, baroque, rock à tendance post rock, de par sa richesse instrumentale et sa diversité donne une idée du talent du duo. Un tel foisonnement ne s'appréhende pas d'un seul coup, plusieurs passages sont nécessaires pour bien pénétrer l'univers de Kälin Bla Lemsnit Dünfel Labyanit et en capter toute la beauté et la finesse. Les arrangements sont somptueux et le 3ème mouvement tout simplement époustouflant. Petite nouveauté, Nosfell chante deux titres en français en plus de ses deux langues de prédilection que sont le klokobetz et l'anglais. Si l'écoute des deux premiers morceaux ("Bløwtilan" et "Günel") vous déroutait au point de ne pas poursuivre - quelle beauté pourtant dans cette introduction et ce final de cordes sur "Günel" qui me ramène directement à "L'Empire de Toholl" cet opéra-cantate de neuf minutes composé par Sheller (Univers - 1988) - essayez de commencer par "Your Elegant Hat", "Path of Green" ou "The Gorgeous Hound" plus classiques peut être (on y trouve des parentés avec Tom Waits ou Peter Gabriel époque Genesis des années 1970). Il serait vraiment dommage de ne pas prendre le temps d'apprivoiser cet univers et de passer à côté de merveilles comme "Hope Ripped the Night", "Le Long Sac de Pierres", "Günel", "I Jaün Bebdeï", "Bløwtilan" ou encore "Path of Green". Si par contre, vous faites partie des convertis de la 1ère heure, vous savez de quoi je parle et vous n'avez pas besoin de moi pour vous plonger dans ce Kälin Bla Lemsnit Dünfel Labyanit décidément réussi. |