Depuis que Kat Onoma, a abdiqué, Rodolphe Burger, leader de cet excellent groupe français des années 80/90, n'a pas
chômé. S'il s'est fait rare en tant que chanteur, son dernier effort solo, Meteor Show, datant en effet de 1998, il a
beaucoup oeuvré sur les disques des autres. On retrouve sa patte sur les albums de Françoise Hardy (Le Danger, Clair-Obscur
et Parenthèses), il est l'artisan des disques de Jeanne Balibar (Paramour et Slalom Dame), il a collaboré au
génial Fantaisie Militaire d'Alain Bashung et tout récemment, son travail sur Amor Doloroso n'est pas étranger au
succès de l'album et au retour éclatant de Jacques Higelin. Malgré tout cela, Rodolphe Burger a pris le temps de penser un
peu à lui et en 2008, il revient sur le devant de la scène pour son troisième opus solo, No Sport.
Le titre de l'album, No Sport, fait référence à une explication qu'aurait donnée Churchill quant au secret de sa longévité. Etrange comme
première approche se dit-on en posant la galette sur la platine... Mais, selon Rodolphe Burger, il ne faut pas y voir
de portée politique ou d'opposition au sport: c’est juste un slogan amusant, souligne-t-il. Soit ! L'album démarre avec "Avance", l'un des plus beaux
titres du disque. A cause de la voix grave du chanteur, de son chant mi parlé, mi chanté, du texte même (sorte de "Décadanse" du 21ème siècle),
on ne peut s'empêcher de penser à Gainsbourg. Cette première rencontre avec No Sport a donc tout d'abord un petit côté
agaçant. D'autant que ce côté Gainsbourien n'est pas présent que sur un seul morceau. Sur "Lover Dose" le phrasé est si semblable que l'ombre
de Melody Nelson nous poursuit toute la plage durant, sur "Vicky" toujours cette même impression... Cela dit, au final ce sont les titres que je préfère...
Après plusieurs écoutes, on essaie d'évacuer la comparaison pour se focaliser sur la richesse mélodique, les textes presque tous impeccables,
les orchestrations remarquables. On doit ce travail sur les arrangements à Liam Farrell (alias Doctor L), le complice de
Meteor Show. Les musiques sont toutes signées Rodolphe Burger et on est souvent bluffé de certaines trouvailles mélodiques.
En plus des titres déjà cités, on peut noter l'exercice original que constitue cet "Arabécédaire", en duo avec Rachid Taha, qui
nous donne une leçon d'arabe, un "Rattlesnake" assez captivant, un "Ensemble" politiquement engagé et sévère et un très beau "Marie" (en duo avec
James Blood Ulmer) qui lorgne avec bonheur vers le blues traditionnel.
No Sport et Rodolphe Burger souffrent certes de la comparaison avec Serge Gainsbourg mais l'album n'en
demeure pas moins un disque musicalement riche et l'homme un être précieux dans le paysage rock français au même titre qu'un Bashung
ou des Rita Mitsouko.