En recevant l'album de SoSo, on se dit chouette, une nouvelle production Kütu Folk ! On lit le dossier de presse et l'on
apprend que SoSo, alias Troy Gronsdahl, vient de Saskatoon, ville sise au Saskatchewan, province du Canada. Tout d'abord un peu surpris, on
se réjouit de ce que le label Clermontois élargisse sa palette en s'ouvrant à d'autres horizons. Quand on apprend que le sieur Gronsdahl est
un incontournable du milieu Hip-Hop indépendant local et appartient également à un mouvement rap, on fait un peu la tronche et on repose le
CD sans même le sortir de sa jolie pochette cousue à la machine... Quelques jours plus tard, on passe devant la pile de CD où Tinfoil On The Windows
nous fait gentiment de l'oeil. Allez, la curiosité l'emporte... On sort fébrilement le disque de son écrin et on l'enfourne dans le mange-disque
qui l'avale goulûment.
Quelques minutes plus tard, scotché, on écoute religieusement. Comme d'habitude,
Kütu Folk Records a su dénicher un truc qui vous cueille pour ne
plus vous lâcher. De grandes envolées fiévreuses ou vaporeuses, des moments de quasi silence, tendus et comme en suspens, une atmosphère feutrée,
une mélancolie exacerbée, des guitares spectrales... Tout cela est pensé par Maybe Smith, alias Colin Skrapek, ami de longue date, qui tisse son
post-rock apaisé autour des mots terribles de SoSo. Souvent sussurées en talk over, chantées ailleurs d'une voix fragile et
presqu'enfantine, les paroles de Troy Gronsdahl décrivent un quotidien désenchanté - la pauvreté et la crasse ("All The Useless Things These Hands
Have Done", aussi crue que majestueuse), l'alcool et la drogue ("Company Of Chairs", d'un réalisme insoutenable et malgré tout éclatante), la mort
("Rubber Rings", d'une beauté sidérante, "All The Useless Things These Hands Have Done", "The Names Of All The Trees", concise et terrible) - parfois
percé de rayons de soleil ("One Eye Open", sublime, "For A Girl On A Faraway Hill") qui, malheureusement, ne durent pas.
Comment autant de malheur et de laideur peuvent-ils engendrer autant d'émotion et de beauté ? Mystère... SoSo, artisan de ce petit
miracle détient la vérité. On la lui laisse, se contentant d'écouter encore et encore ces tranches de vie découpées au lapidaire. Une belle claque !
Finalement, Tinfoil On The Windows trouve logiquement sa place entre
The Delano Orchestra,
Pastry Case et
St Augustine.
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