Brotherocean est un disque impeccablement en phase avec la saison, solaire comme ce mois d'Août qui s'achève (on pense entre autres au lumineux
"Hi Life" qui donne envie de rouler toutes vitres ouvertes en chantant à tue-tête) mais affichant également les couleurs de l'automne avec ses nombreuses
plages rêveuses et mélancoliques. A l'image de cette bipolarité, hésitant entre lumières et ombres, c'est un très chouette "Wolfmother" à l'humeur
incertaine qui ouvre le quatrième album studio de Syd Matters. Entre folk élégante et pop ambitieuse, Jonathan Morali et son groupe
poursuivent leur route sans faux pas dans le paysage musical français, y imprimant une marque que l'on aimerait durable.
Avec Brotherocean, Syd Matters réussit l'alliage idéal, entremêlant le parti pris acoustique de Ghost Days avec le psychédélisme
latent de Someday We Will Foresee Obstacles. "Halalcsillag" ose les changements de rythme à tous crins : une guitare pressante, presqu'urgente, et des
claphands cèdent la place à une ballade langoureuse qui doit ensuite laisser son tour à un jaillissement de choeurs. Et la ronde de se poursuivre... Le rêveur
"A Robbery" n'hésite pas à emprunter ses arrangements de piano à la musique classique tout en laissant le champ libre à une petite flûte tout droit sortie des
seventies. Le splendide "We Are Invisible", pièce maîtresse de l'album, commence comme un titre que l'on aurait retrouvé dans un tiroir de Syd Barrett avant
de poursuivre sur du pur Syd Matters mais un Syd Matters qui aurait lâché les chiens tant l'envergure du morceau est hallucinante. "River Sister", tout d'abord
calme, ne cache pas ses fourmis dans les jambes et finit par se laisser aspirer dans un tourbillon enchanté et enchanteur. L'impressionnant "I Might Float" qui
complète notre tiercé gagnant avec "Hi Life" et "We Are Invisible", est d'un raffinement considérable et d'une originalité fascinante. Et pour les inconditionnels
de la première heure, "Rest" ne saurait décevoir...
Au final, une chose est certaine, Brotherocean est bluffant de sérénité et d'inventivité confondues. On reste sous le charme... L'un des tous meilleurs
disques français de l'année...
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