Ils avaient fait imploser l'Olympia en Février dernier ! Les voici déjà de retour dans la capitale. Mais cette fois-ci les Vampire Weekend voient plus grand et investissent carrément le Zénith de Paris. Quand on pense qu'en Juillet 2008, ils jouaient aux Eurocks sur l'une des plus petites scènes du festival... Une ascension fulgurante grâce à 2 albums irrésistibles qui ont cartonné dans les charts. Récit d'une soirée rock qui commence avec le duo Jenny and Johnny.

Jenny and Johnny est un duo de Los Angeles. A ne pas confondre avec notre duo national John & Jehn... Jenny (Lewis) et Johnny (Jonathan Rice) se sont rencontrés en 2005. Chacun travaillait sur un projet solo. Johnny a été musicien sur la tournée Rabbit Fur Coat de Jenny. Celle-ci a chanté sur Further North, l'album de Johnny, en 2007... Ils ont fini par s'associer. Fin 2009, ils s'enferment plusieurs semaines en studio. Le résultat tient dans les onze plages pop de I'm Having Fun Now, sorti en Septembre.

En live, le duo est accompagné d'un batteur et d'un guitariste qui empoigne volontiers la basse quand Jenny n'en joue pas. Jenny and Johnny vont occuper les planches durant 45 minutes. C'est l'occasion de se faire connaître auprès des Français et de toucher un large public, le Zénith affichant presque complet. Le duo va jouer principalement des titres de I'm Having Fun Now. On aura retenu "Scissor Runner", single efficace, salué d'une belle ovation, "New Yorker Cartoon", une chouette ballade pop sucrée, "Big Wave", une surf song comme ils disent, "Switchblade", une ballade assez lente jouée à la guitare acoustique... On termine sur deux morceaux issus de leurs répertoires solo respectifs. "The Next Messiah", de Acid Tongue (Jenny Lewis, 2008), lent et bluesy au départ accélère franchement pour virer rock tandis que "End Of The Affair", de Further North (Jonathan Rice, 2007), est une ballade acoustique qu'ils jouent en solo, alternant les parties de chant. Le duo quittera la scène sur une belle ovation.

Vampire Weekend terminera fin Décembre sa tournée 2010, une tournée d'environ 150 dates, ce qui représente un concert tous les

deux ou trois jours. Malgré ce rythme effréné, les New-Yorkais ont toujours le sourire et une énergie incroyablement communicative. On les avait laissé à l'Olympia en début d'année. Ils avaient fait souffler une tornade sur la vieille salle Parisienne. C'était juste après la sortie de Contra, leur deuxième album. Aujourd'hui, ils sont au Zénith ! Dans quelques semaines, ils arrêteront les concerts pour prendre le temps de travailler à un nouveau disque. On ne les reverra donc pas de si tôt sur scène... Raison de plus pour profiter à fond de la soirée.

Comme d'habitude, le quatuor emmené par Ezra Koenig et Rostam Batmanglij va envoyer une prestation millimétrée. Le set durera très exactement une heure quinze. C'est court et ça va passer à toute vitesse... Juste le temps pour Vampire Weekend d'aligner ses deux albums quasi intégralement. Seuls "The Kids Don't Stand A Chance" et "I Think Ur A Contra" seront laissés de côté. La pochette de Contra, qui s'affichait sur la scène de l'Olympia et dont la photo leur a valu un procès, a été remplacée par des projections.

Les New-Yorkais attaquent sur un "Holiday" moins speed que d'habitude et enchaînent sur "White Sky". Rostam Batmanglij, à la guitare pour le premier morceau, rejoint ses claviers pour "White Sky". Il me semble qu'il le jouait à la guitare lors de leur concert à l'Olympia en Février dernier... Vampire Weekend a manifestement fait évoluer ses morceaux au cours de la tournée. En tous cas, le rythme diabolique qu'ils avaient imprimé à certains morceaux a cèdé du terrain et le groupe laisse respirer ses mélodies. Je rédécouvre quelques chansons avec un plaisir indicible. L'excitation frénétique et le son monstrueux adoptés pour

la prestation de l'Olympia m'avaient un peu laissée sur ma faim, ne retrouvant pas la magie des premiers concerts du groupe. Aujourd'hui, c'est vraiment parfait !

"I Stand Corrected" est magistral. "Taxi Cab", impeccable, sonne comme une berceuse. Le clavier se prend pour une boîte à musique et Chris Baio a délaissé sa Rickenbacker pour une contrebasse qu'il caresse de son archet. Quelques briquets s'allument... Bien sûr, les titres haletants ne manquent pas à l'appel. "M79", "Cousins", "A-Punk" ou "One" font crépiter les guitares comme des mitraillettes, carillonner les claviers comme un manège enchanté qui se serait emballé et danser le Zénith. La fosse ressemble à un dancefloor, les gradins sont debout et tout le monte chante à pleins poumons.

Vampire Weekend n'a que deux albums à son actif et pourtant, on a l'impression de n'entendre que des singles ! "Oxford Comma", dans une ovation délirante, sonne l'heure du rappel. Trois morceaux viendront refermer cette belle soirée. "Horchata", que Rostam encourage la foule à chanter, puis "Mansard Roof", premier titre de Vampire Weekend que j'ai entendu et que j'aime toujours autant, et enfin "Walcott", qu'Ezra présente comme leur traditionnelle goodbye song.

Le meilleur concert de Vampire Weekend auquel il m'ait été donné d'assister !

SLB