Là où Justice envoie des rafales de beats surpuissants à réserver aux amateurs d'électro hardcore, Pierre-Alexandre Busson, alias Yuksek se ménage un peu plus d'espace pour distiller une électro beaucoup plus pop. De formation classique (conservatoire dès l'âge de 6 ans), l'environement musical actuel de Yuksek est somme toute assez pop. Transformer (Lou Reed) est l'un de ses albums de chevet et en 2008, comme tout le monde, il s'est enthousiasmé sur les Vampire Weekend, Last Shadow Puppets et autres MGMT. Ajoutez à cette éducation classique et ces influences pop, une certaine passion pour décortiquer la structure des morceaux qu'il aime (arrangements des Beach Boys, productions de David Bowie) afin d'y découvrir le secret qui permet de fabriquer un son et vous ne serez pas étonné de constater que le premier album de Yuksek, même s'il a choisi l'électro pour s'exprimer, est plus proche d'un format pop que des productions musclées façon Ed Banger, Kitsuné et autres Institubes.

Et si Away From The Sea démarre en trombe sur l'énergique "Break Ya" et sa volée de gros beats compressés, c'est pour mieux nous cueillir avec le génial "Tonight", joyeux, bondissant et discoïde en diable, titre qui évoque bien sûr Giorgio Moroder mais, plus près de nous, on pense aux Midnight Juggernauts ou à Calvin Harris, autres trublions de l'électro pop dansante du 21^ème siècle. Summums de Away From The Sea, le très pop "So Far Away From The Sea", synthèse parfaite de tout ce qui a pu se faire d'un peu électro et d'un peu pop des années 80 à nos jours, l'instrumental fantomatique et planant, "I Could Never Be A Dancer", saturés de sons vintage, l'atmosphérique "A Certain Life" qui nous renvoie encore aux Midnight Juggernauts et "Little Dirty Trip", subtil mix Klaxons vs Justice.

Sans avoir réussi un album totalement parfait, Yuksek s'avère un redoutable candidat avec lequel il va falloir désormais compter et cette perspective, au vu des excellents morceaux précités, est tout à fait réjouissante. Une très bonne surprise...